L’exposition « La moitié du monde » à La Chambre, à Strasbourg, se penche sur la question de la représentation de la femme en photographie et sur celle de son regard en tant qu’artiste. Elle présente des photographies issues des collections du Centre national des arts plastiques dans le cadre de la manifestation nationale organisée pour les dix ans du Réseau Diagonal autour du thème de l’engagement.
« La moitié du monde » : une autre vision des femmes en photographie
A l’heure où l’égalité des sexes, la lutte contre les agressions sexuelles, les actes sexistes, les discriminations et les stéréotypes de genres sont au cœur des débats, le traitement du corps féminin dans l’art et notamment dans la photographie est un sujet éminemment actuel. A travers des œuvres réalisées entre les années 1980 et aujourd’hui par des photographes femmes (à une exception masculine près), l’exposition mettent en lumière les multiples enjeux liés au corps féminin, selon les périodes et les régions du monde.
Les photographies de Géraldine Millo, Zoe Leonard, Shirin Neshat, ORLAN, Alexandra Boulat, Frédéric Cornu et Katharina Bosse montrent tous les paradoxes et la réalité de la condition féminine, de la maternité à la violence, du conditionnement sociétal ou religieux à l’émancipation des canons de beauté. Ainsi réunies, elles offrent un contrepoint à la sous-représentation des femmes en tant qu’artistes, et rééquilibrent leur image souvent façonnée par le regard masculin.
De Géraldine Millo à Katharina Bosse, la moitié du monde vue par elle-même
La série Les Héritiers de Géraldine Millo s’inscrit un projet destiné à montrer des jeunes dans leurs pratiques culturelles ou leur préparation à la vie active et porte sur les jeunes en lycée professionnel. Elle regroupe plusieurs séries dont Les Vestales, consacrée à des jeunes femmes en réorientation professionnelle dans le secteur sanitaire et social. A travers elles, Géraldine Millo, qui les compare aux vestales, prêtresses de la Rome antique liées au foyer, met en lumière le processus de reproduction du partage du travail fondé sur le genre et dénonce le système scolaire actuel qui perpétue ces assignations genrées.
La série des Vénus d’Ariane Huici-Lopez, photographies en noir et blanc de femmes obèses, renverse l’idée véhiculée par les mondes de la mode et de la publicité qu’il n’existerait qu’un seul type de corps, jeune, mince et svelte. Quitte à choquer le spectateur, elle donne à ses modèles l’occasion de montrer leurs formes avec fierté et en fait des héros rejetant la conformité sociale. La même vérité crue habite les photographies que Katharina Bosse a réalisées d’elle-même pendant cinq ans pour documenter son expérience personnelle face à la maternité.