Communiqué de presse
Géraldine Lay
Géraldine Lay
La ville est une fiction écrit François Bon dans Dehors est la ville: «Cette ville n’existe pas. Ce qui se peint c’est notre idée de la ville, ce que nous mettons en jeu entre nous et le dehors lorsque nous disons le mot ville.»
« En arrivant pour la première fois à Rome, j’ai eu l’impression de me trouver sur la scène d’un théâtre à ciel ouvert. J’avais la sensation d’être au coeur d’une ville décor peuplée de figurants. Alors j’ai commencé à les photographier.
Mon regard s’est porté vers ceux qui laissaient apparaître une faille, une certaine fragilité. Mais il ne s’agissait pas de réaliser un reportage social, plutôt de capter quelques visages croisés, dont l’humanité et une certaine impression de déjà -vu m’ont saisie.
Un peu plus tard à Helsinki, j’ai continué à photographier les gens que je croisais mais mon regard s’est tourné du côté des adolescents. La prégnance du modèle américain dans les pays nordiques a rapidement transformé ce qui à Rome est scène de théâtre, en plateau de tournage de série télévisée.
Les passants semblent jouer une scène indéterminée, comme si chacun se mettait à vivre un songe fugitif. Ces visages croisés s’effacent derrière le rôle que mon regard leur assigne : la rue devient le lieu d’une véritable comédie humaine.
La ville est là où on marche, «là où entre soi et les autres s’est déposé le ciment et la géométrie, ce qui rend les visages indistincts». Les adolescents, en quête d’images, sont particulièrement préoccupés par leurs apparences. Ils choisissent avec soin leur tenue, leur coiffure, leur attitude, leurs mimiques afin de faire bonne figure.
La télévision qui a marqué leur imaginaire ainsi que le mien, a produit des modèles aujourd’hui projetés dans la rue. Photographier les passants comme s’ils étaient les acteurs d’une série est pour moi une manière de m’approprier la ville, de l’imaginer et de la mettre en image. La ville n’est pas une présence fixe mais une conjonction d’éclat de temps. » (Géraldine Lay)