L’exposition « Nous savons en commun que nous n’avons rien en commun » à la galerie Depardieu, à Nice, présente des peintures de Gérald Thupinier dans lesquelles la matière et les mots s’entremêlent, comme dans un combat entre le corps et l’intellect.
« Nous savons en commun que nous n’avons rien en commun » : la peinture tourmentée de Gérald Thupinier
De la même façon que le titre de l’exposition « Nous savons en commun que nous n’avons rien en commun », semble exprimer un tiraillement, une dissociation intime au sein d’une unité, l’œuvre picturale de Gérald Thupinier est traversée par un conflit intrinsèque, elle fusionne les contraires pour mieux révéler leurs déchirements.
La nouvelle série de tableaux de Gérald Thupinier privilégie toujours des teintes sombres et une palette restreinte allant du gris au noir en passant par le marron. Appliquées par touches, par amas et par coups de pinceau vifs, ces couleurs s’organisent en couches épaisses évoquant le marbre. Si, à première vue, seules ressortent des tableaux ces rencontres de teintes et de matière, les peintures de Gérald Thupinier ne relèvent ni de l’abstraction ni de la figuration car elles ont pour objets centraux des mots.
Les peintures de Gérald Thupinier illustrent la lutte intime entre le sensible et l’intellectuel
Chaque toile de Gérald Thupinier est partagée entre œuvre picturale et textuelle. Tracés en relief à l’aide d’une solide peinture tout en concrétions ou au contraire en creux dans le fond de la toile dont elle efface une partie, les mots isolés au milieu du tableau, seuls ou en groupe, semblent se battre avec la matière, user de chacune de leurs lettres, de leur forme, pour résister face à sa puissance. Les œuvres de Gérald Thupinier illustrent de façon saisissante une lutte intime entre la matière et la pensée, le sensible et l’intellectuel, l’esthétique et le sens.