Né en 1955 à Marseille, Georges Tony Stoll est un artiste au croisement des matières et des influences. Pictural et symboliste, il atteint par la force de ses compositions, de son dessin et de ses couleurs à une « certaine forme contemporaine de contemplation». Photographies, vidéos, collages, peintures, ce créateur prolifique et éclectique ne recule devant aucune forme d’expression.
Renoncer à organiser le monde, pour mieux le comprendre
Ses Å“uvres montrent sans raconter, bouleversant la perspective d’observation classique. Dans les tableaux de Georges Tony Stoll, ce qui est grand n’est pas forcément ce qui est important, ce qui est au premier plan n’est pas toujours ce qu’il faut regarder en premier : il nous pousse à abandonner nos idées d’ordre et de sujet, pour entrer dans une autre logique, qui repose plus sur la perception directe que sur la cohérence. Le spectateur renonce avec lui à organiser le monde, pour mieux le comprendre.
En témoigne par exemple Paris Abysse n°212, un tableau aux couleurs pures, où une fleur-serpent relie deux éléments, posés plutôt que pensés : un cercle vert gazon et des formes géométriques ocres qui suggèrent une ville du Sud, endormie. L’action ne se trouve pas dans les figures comme déconnectées les unes des autres, elle ne se cherche pas dans une composition absente, mais elle repose dans la puissance expressive de la gouache, des grands traits de couleur au flou parfaitement maîtrisé.
Georges Tony Stoll. Une cohérence de l’absurde
Difficile de voir un autre lien entre les Å“uvres exposées, que celui du style : les symboles vont et disparaissent, la palette de couleur évolue, les compositions changent. S’il y a une logique dans « Paris Abysse », c’est à la manière du chaos : l’absurde, au sens étymologique de «ce qui n’a pas de sens», y déroute à chaque instant le regard.
Les sculptures mêlent, elles aussi, figuratif et géométrique. Une tête d’homme, en bronze, accouche d’un cube, une main semble percée par un faisceau de cylindres, une forme trapézoïde paraît tirer la langue… Ces étranges hybrides sont elles aussi déroutées, perdues, absurdes, dans un monde incohérent qui ne leur donne ni cadre ni sens.