Communiqué de presse
Karen K. Butler
Georges Braque. L’Espace réinventé
«L’espace visuel sépare les objets les uns des autres. L’espace tactile nous sépare des objets. Toute ma vie, ma grande préoccupation a été de peindre l’espace.»
Georges Braque
Sculpteur, graveur, inventeur du papier collé, Braque utilisa toutes les techniques et tous les moyens pour s’exprimer. Co-fondateur du cubisme avec Pablo Picasso, il procéda systématiquement par série, retravaillant ses toiles pendant des années. Analysant dans les moindres détails guéridons, instruments de musique, cheminées, billards, chaises ou encore corbeilles de fruits, il approfondissait sa recherche sur la nature de la perception et de la représentation, thème qui le hanta toute sa vie.
Abordant notamment les liens entre l’œuvre de Braque et le contexte politique de l’époque, l’accueil critique de son travail aux États-Unis et en Europe, mais présentant aussi une analyse scientifique inédite de plusieurs tableaux, ce livre témoigne du génie de Braque, considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle.
Georges Braque. L’Espace réinventé
«En inventant le cubisme au début du XXème siècle, Georges Braque et Pablo Picasso ébranlèrent les fondements de l’art occidental. Mais dans les années 1930, les problèmes d’esthétique et de politique prirent une acuité particulière avec la montée du fascisme, et, tandis que Picasso exposait ses problèmes à la conscience du grand public avec Guernica (1937), Braque de son côté se repliait dans un monde intérieur. Au cours de cette époque qui marque le passage dans sa carrière des premières œuvres cubistes aux grands tableaux de la fin, l’artiste se consacra essentiellement à la peinture de natures mortes et d’intérieurs bourgeois.
Sa recherche approfondie sur la nature de la perception à travers le monde tactile et transitoire des objets suggère un désengagement de l’histoire où le monde plongeait dans la barbarie, mais ses peintures véhiculent un message plus nuancé. A la fois subjuguantes et déroutantes, ses compositions spatiales aux couches riches et complexes obligent le spectateur à se confronter à l’artiste et à son monde intérieur. Pour le spécialiste de l’art moderne Gordon Hughes, le peintre, la façon de peindre et le rendu final occupent ici trois positions dans l’espace étroitement imbriquées l’une dans l’autre.
Au travers de cinq essais et de deux textes écrits par des contemporains de Braque —Jean Paulhan et Carl Einstein—, ce livre nous offre la première étude approfondie sur les natures mortes que Braque réalisa dans le contexte culturel et politique qui régnait en Europe avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Parallèlement, on y aborde la popularité précoce que Braque connut aux Etats-Unis, avec la première grande rétrospective qui y fut organisée, ainsi que l’accueil critique que l’Europe réserva à son travail.
L’ouvrage présente enfin les résultats d’une étude scientifique réalisée sur plusieurs tableaux de l’artiste par une équipe de spécialistes de la conservation et de la restauration des œuvres d’art. Ces résultats confirment les théorisations conceptuelles de l’œuvre de Braque défendues ici et témoignent de la maitrise avec laquelle il travailla toute sa vie sur les matières et les techniques de peinture.»
Extrait de l’introduction
Catalogue de l’exposition «Georges Braque», présentée au Grand Palais du 18 septembre 2013 au 6 janvier 2014.