Georg Baselitz
Georg Baselitz
Connu pour ses renversements du sujet peint qui se voulait renversement des valeurs, Baselitz a toujours développé une activité artistique protéiforme. Permanence tout au long de sa carrière d’un dialogue entre la peinture, la sculpture, la gravure et le dessin. Sont présentées ici ses dernières œuvres exceptionnelles tant d’un point de vue formel que par leurs qualités artistiques: la monumentalité des œuvres, les sujets abordés et l’utilisation de ce médium — l’aquarelle — décloisonnent les catégories du dessin et de la peinture.
Présentées à l’Albertina Museum de Vienne, en Autriche, puis au Frac Picardie , ces œuvres sont désormais visibles ici, à Paris. On retrouve dans cet ensemble trois grands thèmes. Tout d’abord l’iconographie liée au réalisme soviétique à travers des ré-interprétations de peintures soviétiques de Vassili Efanov ou de Plastov — Rencontre inoubliable ou encore Printemps — qui évoquent l’enfance du regard pour ce peintre grandissant à Berlin-Est. Thème des «images russes» commencées dès 1998 — aux travers de peintures présentées lors de l’exposition «Meine Neue Mütze» à la galerie en 2002 (1) — et repris dans ces travaux sur papier. D’autre part, des autoportraits en compagnie de son épouse — Elke Kretzschmar, mariés depuis 1962 — , doubles — portraits inversés — Nase an Nase ou Rücken an Rücken — sorte de figures siamoises ou faux tests de Roschach qui visiteraient l’inconscient de l’artiste. Enfin, une série où des chevaux apparaissent, en répétition, autour d’axes symétriques qui confèrent à ces aquarelles un aspect kaleïdoscopique. Visions défragmentées des souvenirs d’enfance dans le Saxe. C’est donc un voyage au caractère autobiographique, un flux dans cette mémoire, auquel nous sommes invités. Mais il ne s’agit pas d’imagerie, d’images d’Epinal. Bien au contraire.
Baselitz bouscule l’idée «mineure» que l’on attache communément à l’aquarelle: par son usage — on est loin des petits effets tant l’absence de technique propre à l’ aquarelle est manifeste — par la vigueur, par la liberté avec laquelle il utilise ce médium, ces «Peintures» acquièrent une grande puissance. Baselitz retrouve ce que Eric Darragon nomme dans le catalogue de l’exposition (2), «le principe anarchique» contenu dans l’aquarelle qui devient alors anti-hiérarchique par rapport aux modèles. Dilution des formes apprises et figées — le réalisme soviétique — , émergence des souvenirs au fil des flux inconscients, comme une exploration. Ces grandes structures fluides sont ainsi le lieu d’un passage vers une mémoire et une expérience du passé. Conversations avec lui-même et son passé auxquelles nous convie ce grand peintre.
Georg Baselitz
Georg Baselitz né le 23 janvier 1938. Il commence le dessin dès 14 ans et rentre à L’Ecole des Beaux-Arts de Dresde de Berlin-Est en 1956. S’installe à Berlin-Ouest. En 1969, premier tableau au sujet «renversé». 1ère sculpture à la Biennale de Venise en 1990. Expositions chez d’Offay, Waddington, chez Werner. 1983 rétrospective au CAPC de Bordeaux. 1993: dessins de 1962 à 1992 présentés au Centre Pompidou. 1ere grande rétrospective au Guggenheim, NY puis au LACMA de Los Angeles puis au Musée D’art Moderne de la Ville de Paris en 1995 et 1996. Georg Baselitz travaille à Derneburg (Basse-Saxe) et Imperia (Italie). Les Galeries Thaddaeus Ropac de Salzburg et Paris le représentent depuis plus de 20ans.
critique
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