DANSE | SPECTACLE

Géométrie de caoutchouc

03 Oct - 28 Oct 2012
Vernissage le 03 Oct 2012

Huit acrobates-danseurs parcourent et manipulent au centre de la piste une gigantesque toile de chapiteau. Comme souvent chez Aurélien Bory, l’objet, quel qu’il soit, donne l’élan à l’œuvre. Se matérialise ainsi un dialogue singulier entre les acrobates et le chapiteau, que l’on plie et déploie comme une immense marionnette.

Aurélien Bory
Géométrie de caoutchouc

Pour ses ultimes représentations, «Géométrie du Caoutchouc» plante son chapiteau à la Villette.

Un petit chapiteau niché sous un immense chapiteau, comme un lapin dans un chapeau, ça donne «Géométrie de caoutchouc», la nouvelle création d’Aurélien Bory.

Au centre de la piste, une gigantesque toile de chapiteau, habitée, parcourue, manipulée tout au long du spectacle par huit acrobates-danseurs. Comme souvent chez Aurélien Bory, l’objet, quel qu’il soit, donne l’élan à l’œuvre. Se matérialise ainsi un dialogue singulier entre les acrobates et le chapiteau, que l’on plie et déploie comme une immense marionnette.

Le parti pris architectural signe l’action: la toile et les silhouettes des danseurs s’entremêlent dans un corps à corps acrobatique, tandis que les ombres projetées et les jeux de lumières démultiplient les points de vue. Installés autour de la scène, devant cette toile géante qui respire, se soulève, s’envole et s’effondre, les spectateurs sont emportés dans ce jeu d’images et de manipulations.

«Le mot «topologie» vient de la contraction des noms grecs «topos» et «logos» qui signifient respectivement «lieu» et «étude». Littéralement, la topologie signifie l’«étude du lieu». S’agissant de l’étude des déformations spatiales, certains mathématiciens l’ont surnommée «géométrie de caoutchouc».

Au départ il y a un lieu provisoire. Non pas une architecture en dur mais un espace mou. Simplement limité par une toile. Un lieu très identifié par sa forme. Le lieu de spectacle sans doute le plus connoté. Un lieu qui attire. Un espace conçu pour recevoir beaucoup de monde. Un lieu qui contient une chose supposée spectaculaire.

Dans la continuité de mon questionnement sur l’espace, j’imagine un spectacle, où c’est le lieu lui-même que l’on viendrait voir. Ou plutôt ici sa réplique en plus petit, placée alors à l’intérieur. Cette idée est un problème de topologie, cette branche des mathématiques appelée aussi géométrie de caoutchouc. La topologie est étymologiquement l’étude d’un lieu. Je propose d’étudier l’espace dans lequel nous nous trouvons. Nous sommes à l’intérieur d’un lieu et nous l’observons de l’extérieur.

Nous observons plus précisément sa limite, la toile: tirée par ses câbles comme une grande marionnette, elle s’affaisse, s’élève dans les airs, supporte et agit sur les corps en scène. Le mouvement des acteurs sera alors guidé par les contorsions que cet espace mobile imposera. Tout ce théâtre va s’incarner dans cette surface de plastique, reconnaissable au départ et qui prendra des formes inconnues ensuite.
Cette géométrie de caoutchouc est alors autant celle de l’espace que celle des corps, ces sacs de peau, ces réceptacles de notre monde intérieur.»

Aurélien Bory, avril 2011

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