Sylvain Barberot, Jennifer Caubet, Charlotte Charbonnel, John Cornu, Boris Lafargue, Nicolas Momein, Aurélie Mourier, Thomas Tronel-Gauthier
Générescences
La dégénérescence évoque habituellement une altération progressive des tissus, du psychisme, ou des formes. On retient de ces phénomènes l’idée d’une perte ou d’une dispersion, alors qu’il s’agit davantage de penser la contraction entre deux forces contraires, mais néanmoins complémentaires.
Toute dégénérescence s’accompagne d’une générescence, car elle fonctionne en s’insérant dans une dynamique productive et circulaire, associant l’épuisement au tissage, la propagation à la ramification. Plutôt que de viser la préservation, l’exposition «Générescences» mise sur l’amplification de ces tendances au désordre.
Les différentes pratiques présentées se font virales ou tentaculaires, fractales ou fragmentées. Elles figurent les processus de formation de la matière et nouent une tension avec l’espace qui les environne, elles l’assimilent, se l’approprient. Proliférant de manière envahissante, les œuvres semblent se déployer telle une mauvaise herbe. Poussant et débordant de partout, elles contaminent de leurs motifs les murs, phagocytent en douceur les parois, repoussent les limites de l’espace, voire le perturbent de manière à le reconfigurer.
Plus proches d’une attitude performative que contemplative, ces œuvres conquièrent l’espace tout en s’en accommodant, laissant transparaître le vide et la fragilité qui en réalité les composent. Davantage que la pesanteur et l’autorité des masses, elles affirment leur présence de façon invasive et précaire. En se faufilant dans les interstices, les plis et les recoins, elles fonctionnent par rencontres et contaminations réciproques.