Frédéric Mitterrand consultera d’abord ses partenaires européens avant de prendre une décision définitive pour la stratégie future de gestion numérique du fonds de la Bibliothèque nationale de France (BnF). Il considère que «La numérisation du patrimoine de la Bibliothèque nationale est un sujet bien trop important pour qu’on le laisse s’envenimer par des controverses» (Le Monde, 30 août 2009).
Depuis l’annonce de ses négociations avec Google le 18 août (La Tribune), la BnF a en effet suscité une véritable polémique. Parmi les principaux arguments des opposants à ce projet figure la peur de renforcer encore davantage le statut de quasi-monopole du géant américain, lequel a déjà numérisé 10 millions d’ouvrages, et de dépendre de son système d’indexation et de présentation des ouvrages. En outre, des problèmes concernant la protection des droits d’auteur demeurent.
L’ancien président de la BnF, Jean-Noël Jeanneney, est d’ailleurs lui-même très critique. Le revirement de la politique de l’institution par Bruno Racine, son successeur, qui estime «tout à fait normal que la Bibliothèque ait des échanges avec des entreprises engagées dans la numérisation, telle que Google» (Le Monde, 28 août) s’explique en grande partie par le coût très élevé de l’opération de numérisation.
La commissaire européenne chargée de la société de l’information et des médias, Viviane Reding, a elle aussi recommandé la recherche de partenariats dans le privé pour faire avancer la numérisation des collections européennes.
La BnF n’est pas la première institution française à se tourner vers l’entreprise américaine: la bibliothèque municipale de Lyon, deuxième bibliothèque de France, a déjà signé un accord avec Google en juillet 2008 pour numériser une partie de ses collections. L’avantage économique de l’opération est évident : l’entreprise américaine s’est chargée de faire scanner 500 000 documents à la main sans que l’institution française ne débourse un centime.
Si la BnF est le premier contributeur à Europeana, bibliothèque numérique européenne qui ouvrira véritablement en 2010, elle nécessite aujourd’hui une aide capitale : sa bibliothèque numérique Gallica, comptant à ce jour 830 000 documents disponibles en ligne, dispose d’un budget de 8 millions d’euros annuels, largement insuffisants pour une réalisation rapide de la numérisation de son fonds.