Présentation
Katya Garcia-Anton, Alex Farquharson, Anne Pontégnie
Gary Webb. Mirage of Loose Change
Cette monographie, publiée à la suite de l’exposition «Gary Webb: Mirage Of Loose Change», qui a eu lieu en 2005-2006 à la Kunsthaus de Glarus, au Consortium de Dijon et au Centre d’Art Contemporain de Genève, est consacrée au travail de l’un des sculpteurs les plus audacieux de sa génération dont les œuvres, qui mêlent des références hétéroclites qui englobent le Pop art, la nouvelle sculpture britannique, le minimalisme américain ou encore l’art cinétique, réinventent dans une forme très contemporaine un dialogue entre la peinture et la sculpture, la couleur et le son.
Gary Webb est né en 1973 à Hampshire. Il vit et travaille à Londres.
«Die gute Form», introduction par Katya Garcia-Anton, Nadia Schneider, Xavier Douroux, Franck Gautherot et Eric Troncy
«Le sculpteur en Grande-Bretagne est une sorte de héros récurrent et populaire. Que ce soit pour les désormais ’honteuses » années quatre-vingt qui virent le triomphe d’une sculpture anglaise emmenée par Sir Anthony Cragg (ex-Tony Cragg), Anish Kapoor, Richard Deacon, Bill Woodrow…. comme pour les plus lointaines années grises de l’immédiate avant et après guerre durant lesquelles les figures de Barbara Hepworth, d’Henry Moore voire de Reg Butler ont brillé de tous leurs feux, il convient de pointer la ligne constructive de la sculpture britannique.
Mise à part la parenthèse des YBA avec son nécessaire tribut payé aux modernismes les plus internationaux, l’apparition au tournant du millénaire, d’un groupe — ni un courant, ni un manifeste commercial, ni même une alternative stylistique ou morale — de jeunes sculpteurs pour qui le formalisme de l’assemblage de matériaux n’est ni rédhibitoire ni panacée mais un véritable processus compositionnel à repenser, et à ré-explorer avec une vraie délectation.
Gary Webb est l’un des meilleurs. Trois institutions suisses et française se sont coordonnées pour en témoigner et en publier les preuves, ici-même. L’alliance et la concertation sont les mêmes moteurs pour Gary Webb quand il suggère, en repliant à angle droit ses doigts joints, une possible forme à souffler en verre coloré, à un praticien de cet artisanat. Il oublie l’atelier, le pesant travail manuel, et tous les croquis laborieux, pour transcender également le fouillis facile et tentant des pages jaunes — qui ont alimenté au mieux et au pire, tous les artistes bricoleurs d’objets des années quatre-vingt, ci-dessus évoquées.
Assembler des formes et des couleurs, des matériaux du siècle tout comme des idées bancales, tout doit concourir à l’équilibre et au dynamisme. Le bon sentiment n’est jamais loin non plus, en ce qu’il se déduit immanquablement de telle ou telle forme ou matériau. Friendly sculpture donc. Excentriques durablement, les œuvres résistent à l’académisation que leur répétition aurait pu menacer. César Doméla pour le galuchat, John McCracken pour le glacé laqué, la cohorte des épigones d’Abstraction-Création pour leur biomorphisme, oserons-nous aligner également les pires maîtres du murano Las Vegas (Dale Chiuly par exemple), en un précieux index ne dessinant ni un espace de références, ni un renvoi aux fondamentaux, mais plutôt à une zone large et trouble d’accompagnement visuel et de souvenirs possibles.
Qu’une des expositions conçue et organisée par Gary Webb ait été titrée Nouveau riche nous enseigne, en bien, sur l’ambition d’un tel artiste.»