Garry Winogrand
Garry Winogrand
Le Jeu de Paume présente la première rétrospective, depuis vingt-cinq ans, du photographe américain Garry Winogrand (1928-1984). Chroniqueur de l’Amérique de l’après-guerre, Garry Winogrand est encore mal connu, tant il a laissé de travail à accomplir — au moment de sa mort prématurée — dans l’archivage, le développement et le tirage de ses photographies. Il est cependant sans conteste l’un des maîtres de la photographie de rue américaine, au même titre que Walker Evans, Robert Frank, Lee Friedlander ou William Klein.
Célèbre pour ses photographies de New York et de la vie aux Etats-Unis depuis les années 1950 jusqu’au début de la décennie 1980, Garry Winogrand cherche à «découvrir à quoi ressemblent les choses une fois photographiées». Organisée conjointement par le Sfmoma et la National Gallery of Art de Washington, l’exposition «Garry Winogrand» réunit les images les plus emblématiques de l’artiste et des tirages inédits puisés dans les archives, en grande partie inexplorées jusqu’ici, de la fin de sa vie afin d’offrir une vue d’ensemble rigoureuse de son parcours et, pour la première fois, d’embrasser la totalité de sa carrière.
Les photographies de l’exposition et celles du catalogue composent un portrait vivant de l’artiste, chroniqueur de l’Amérique de l’après-guerre à l’égal d’un Norman Mailer ou d’un Robert Rauschenberg qui, durant les décennies postérieures à la Seconde Guerre mondiale, témoignèrent inlassablement d’une Amérique ballottée entre optimisme et bouleversements.
Garry Winogrand a beau être considéré, par beaucoup, comme l’un des plus grands photographes du XXe siècle, l’examen de son corpus pictural et de son influence sur la discipline demeure incomplet. Extrêmement prolifique, il a pourtant souvent différé la sélection et le tirage de ses images. À sa mort, survenue brutalement à l’âge de 56 ans, il a ainsi laissé derrière lui environ 6 500 bobines (soit quelque 250 000 images) qu’il n’a jamais vues ainsi que des planches-contacts des années antérieures, qui avaient été annotées mais jamais tirées. De sorte que près de la moitié des photographies de cette exposition n’ont jamais été montrées ni publiées à ce jour et que plus de cent n’avaient encore jamais été tirées.
«Il n’existe en photographie aucun ensemble, de taille ou de qualité comparables, qui soit à ce point resté à l’état de friche», déclare Rubinfien qui, dans les années 1970, fut l’un des plus jeunes dans le cercle d’amis de l’artiste. «Cette exposition est un premier pas vers une analyse d’ensemble du travail inachevé de Winogrand. Elle est aussi l’occasion de s’éloigner d’une présentation thématique au profit d’une approche plus libre, fidèle à l’esprit qui était au cœur de sa démarche, ce qui permet de renouveler le regard porté sur son œuvre, même de la part de ceux qui pensent le connaître.»
L’exposition est divisée en trois parties, chacune couvrant une grande variété de sujets chers à l’artiste.
1. «Descendu du Bronx» présente des photographies prises en majorité à New York, depuis ses débuts en 1950 jusqu’en 1971.
2. «C’est l’Amérique que j’étudie» rassemble des travaux réalisés à la même époque mais lors de voyages hors de New York.
3. «Une fin incertaine» porte sur la période de maturité depuis son départ de New York en 1971 jusqu’à sa mort en 1984 avec des images du Texas et de Californie du Sud, ainsi que de Chicago, de Washington, de Miami et d’ailleurs. Cette troisième section comporte également un petit nombre d’images prises lors de ses retours à Manhattan et dans lesquelles s’exprime une tristesse absente, jusque-là , de son travail.
Garry Winogrand était connu pour être un grand bavard, doté d’une personnalité exubérante et impétueuse, et les commentaires dont il émaillait ses projections et ses conférences étaient souvent pleins de verve et de drôlerie. Des extraits d’une vidéo réalisée en 1977 permettront aux visiteurs de se faire une idée du Garry Winogrand vivant.
Vernissage
Mardi 14 octobre 2014
critique
Garry Winogrand