L’exposition « Garance, dernier volet » à la galerie Eva Hober, à Paris, présente une nouvelle série de dessins de Jérôme Zonder dans laquelle s’affirme un trait toujours aussi incisif et sombre.
Les dessins de Jérôme Zonder : l’horreur en noir et blanc
Entièrement réalisés à la mine de plomb et au fusain, les dessins de Jérôme Zonder ont depuis toujours exclu la couleur de leur univers où elle n’a pas sa place. L’artiste puise en effet son inspiration dans les recoins les plus sombres de la société et de l’humanité, qu’il n’hésite pas à représenter de la façon la plus crue et directe qui soit. La violence sociale, les perversions enfantines, les tragédies historiques et la cruauté le plus morbide hantent ses dessins souvent placés sous le signe de l’horreur et du malaise.
Le style de Jérôme Zonder marie hyperréalisme et facture proche de la bande dessinée. Souvent représentées d’après des photographies, les figures et scènes qu’il dessine sont autant parsemées de références aux grands maîtres de la peinture ou de la gravure comme Albrecht Dürer, Rembrandt, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Otto Dix et Edgar Degas qu’à des auteurs de bandes dessinées subversives comme Robert Crumb, Charles Burns, Moebius et Gotlib, ou à des figures populaires de Walt Disney.
Garance, jeune fille du vingt-et-unième siècle
L’exposition « Garance, dernier volet » reprend le personnage de Garance déjà exploité par Jérôme Zonder dans des Å“uvres antérieures, et qui se réfère à Arletty dans le film Les Enfants du paradis de Marcel Carmé. Le personnage est ici inscrit dans des Å“uvres résultant d’un croisement entre des souvenirs et des faits relevant de l’actualité et inspiré par la photographe, commissaire d’exposition et militante féministe Julia Javel, qui fut la figure de proue du mouvement des Femen en France.
Ces nouveaux dessins de Jérôme Zonder s’attachent à dresser le portraitd’une jeune fille du vingt-et-unième siècle, un portrait forcément fragmenté, pulvérisé en mille morceaux par la violence de la société, du sexisme et de l’histoire. Un des dessins représente une militante Femen maintenue par trois policiers. Son torse nu et ses cheveux blonds forment une masse blanche contrastant avec celle, noire, des trois policiers. La tête en avant, elle continue à crier dans un air de défiance. Dans d’autres œuvres, le dessin soudain laisse place à une ligne courbe qui laisse dans indéfinie une partie de l’image : les lignes et grilles structurantes de la société ont été brisées par Garance, manifestant ainsi son émancipation.