L’artiste israélienne, Carmit Gil, a présenté à la dernière Biennale de Venise son Bus, une armature du transport en commun de même nom, dépouillée de sa carrosserie pour être exhibée, peinte en rouge.
Pour sa première exposition personnelle, galerie Frank, Carmit Gil habite les lieux avec une installation spécialement réalisée pour l’événement : Gallery Carpet.
Rien devant nos yeux lorsque nous poussons la porte, c’est vers le sol qu’il faut regarder pour voir ce « tapis de galerie » composé d’une surface plastifiée orange et de pièces de bois qui, une fois assemblées, forment des éléments décoratifs. Cette frise de fleurs stylisées courant sur les côtés du rectangle coloré évoquent les traditions décoratrices maghrébines comme l’enluminure juive ancienne.
Curieusement, ce tapis ne contient aucune composante textile, il est fabriqué avec des matériaux qui lui sont étrangers et revêt de ce fait un statut particulier : c’est une proposition plastique insistant sur les qualités formelles de l’objet. Le tapis, c’est d’abord ce qui délimite un espace, un territoire. Le cadre constitué de pièces de bois tridimensionnelles met l’accent sur ses qualités architecturales.
Indissociable des cultures nomades de l’Orient et de l’Extrême Orient, façon pour les peuples d’habiter le sol avec son esthétique et ses symboles, cet objet renvoi à l’idée d’une appropriation de l’espace. Le tapis est aussi un élément essentiel de la convivialité que l’on trouve même chez les gens aux intérieurs les plus sobres. C’est une espace d’accueil et de partage, facteur de lien social. Les pièces en bois évoquant la structure du puzzle renvoient aussi à cet aspect collectif.
Le tapis investit donc toujours l’espace d’une charge affective supplémentaire et le transforme en un lieu qui a du sens, induisant certains comportements comme par exemple enlever ses chaussures, geste par lequel on signifie son respect des lieux. Carmit Gil fait donc de la galerie Frank le lieu d’une découverte de son travail, mais aussi celui d’une rencontre.