Communiqué de presse
Carmit Gil
Gallery Carpet
On regarde tous devant soi, au sens littéral. Parfois, gagné par l’inquiétude, ou l’attention attirée, on tourne légèrement la tête pour glisser un regard de côté. D’autres fois, apostrophé, on se retourne complètement pour regarder en arrière. Mais, toujours littéralement, on ne regarde presque jamais vers le bas. On marche inlassablement, conscient que la terre, ou une route, un trottoir, le bois, le marbre, la pierre du sol des rues et des maisons, est sous nos pieds, toujours là pour supporter nos pas.
C’est vers le bas que Carmit Gil tourne son regard. Vers le bas, puis vers le haut. Après avoir consacré, dans ses projets antérieurs, sa réflexion aux motifs trompeurs de surfaces familières – escaliers, bouches d’égout et pierres de trottoir – elle s’intéresse au tapis. Carmit Gil s’efforce de rendre visibles les qualités formelles et structurelles de cet objet chargé d’une signification culturelle, artistique et parfois économique dans certaines sociétés. Elle le recrée pour le rapprocher de sa vocation première: être un meuble, seulement différent en ce qu’il est plat, un objet domestique, familier, mais ignoré, produit d’un travail manuel astreignant généralement réalisé par des femmes. On ne peut en ignorer la présence, comme nous le rappelle The Dude, dans Big Lebowski, le film des frères Cohen, parce qu’un tapis«c’est ce qui fait la pièce».
Gil poursuit son travail commencé avec le Bus, une pièce présentée à la Biennale de Venise 2003, dans laquelle elle a effacé les traits immédiatement reconnaissables de l’objet. Dans Gallery Carpet, elle accentue le caractère ornemental du tapis et le vide de son «contenu». Les motifs orientaux évoquent les structures du Bauhaus, de manière quasiment minimaliste. Carmit Gil déstabilise le sens profond des mots «cadre», «contenu», «directionalité», «stabilité», en élargissant leur définition jusqu’aux limites sémantiques et physiques de son travail.
critique
Gallery Carpet