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Galerie Iragui : Les Suicides domestiques d’Irina Polin

29 Nov - 28 Déc 2006

Les douze pièces d’une maison de poupée reconstituées par Irina Polin deviennent le théâtre des drames journaliers d’une famille imaginée. A travers ses mises en scènes, l’artiste révèle la violence latente d’un simple «jeu d’enfant».

Irina Polin
Les Suicides domestiques

Balayées d’un seul coup d’œil, les photographies d’Irina Polin ne dévoilent rien d’autre que leur apparente banalité. Douze pièces d’une maison de poupée pour enfant reconstituées minutieusement par l’artiste dans un souci de vraisemblance. Toutefois, si l’image représente fidèlement l’intérieur, elle ne cherche pas à s’y substituer. Des objets lilliputiens (perles, dés, bagues et bouts de tissus) et un décentrement photographique permettent en effet de saisir la dissonance de ces simulacres indexés sur le réel.

Pour toute jeune fille, la maison de poupée renferme un bonheur simple imprégné d’une atmosphère suave et tendre, totalement « Kawai » (nom de cette esthétique japonaise qui signifie « gentille »). Toutefois, les mises en scènes imaginées par Irina Polin abusent, avec violence et provocation, de cette douce innocence. Elles reposent sur l’ambivalence qui réside entre les jeux d’enfant et l’industrie du sexe qui emprunte les mêmes codes et fantasmes.

Derrière les murs décrépits et les fauteuils élimés de la maison miniature reconstituée, se trame une réalité qui relève du fait divers, du drame familial. La poupée suicidaire dans sa baignoire miniature prend un tour réellement sanglant. La désolation des pièces semble sourdre le chaos émotionnel et la déchéance physique si bien dépeints dans les clichés de famille de Richard Billingham. En ce sens, la maison trouve une résonance symbolique qui incite à s’immiscer dans les drames journaliers d’une famille, à réactiver le passé dont l’image l’a coupé. En somme, à reconstituer une sorte d’archéologie de l’«habiter».

L’enveloppe factice de la maison de poupée et le détournement visible des objets par le jeu de l’échelle et du cadrage facilite l’incarnation des fantasmes. Le recours au jeu et au fétichisme semble ainsi révéler l’incidence de la société et de l’industrie du sexe sur l’univers domestique et ce qui s’y trame…
Alexandra Fau

Infos pratiques
de 14h à 19h
Ouverte de 14h à 19h les 29 et 30 novembre et les 1 et 2 décembre. Uniquement sur rendez-vous du 3 au 28 décembre.
T. 01 47 07 69 24
P. 06 60 13 32 12
contact@iragui.com
Entrée libre

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