Galerie Frédéric Giroux / Galerie Alain Le Gaillard / Galerie Patricia Dorfmann
La tour Eiffel n’a jamais été aussi belle
Aujourd’hui, du fait de la mondialisation, aucun territoire n’échappe à l’œil du touriste.
L’œil du touriste, considéré comme partial, superficiel, voire aveugle, est aussi pourvu d’un pouvoir de saisissement, capable de capter des impressions et, parfois, des vérités qui se refusent à une longue habitude, grâce au don de la distance. En réalité, ce paradoxe dit, seulement, que l’œil du touriste est, avant tout, un œil énigmatique. Que peut bien voir cet inconnu, le Nikon en bandoulière, avec sa chemise hawaïenne et son short, sous un ciel bleu, interpellé par un vendeur de souvenirs ?
Ne devons-nous pas dire que c’est simplement un œil neuf, capable de candeur et d’émerveillement comme de naïveté et de préjugés ?
Que voit l’œil du touriste ? Que reste-t-il de ce qu’il voit ? Quelle mémoire fabrique-t-il et quelle mémoire avons-nous déjà fabriquée pour lui ? L’exposition propose de parcourir trois moments essentiels de son rituel, la carte postale, la boutique de souvenirs, le site.
Les trois expositions
« La Tour Eiffel n’a jamais été aussi belle » à la Galerie Frédéric Giroux (27 Oct – 10 Déc 2005)
Qu’est-ce qui fait le tour du monde ? La carte postale. Monuments, paysages, animaux, rues, habitants, autant de sujets différents qui se ressemblent d’une carte postale à une autre, d’un objet à un autre, d’un pays à un autre. En tant qu’objet à vendre, la carte postale peut-être considérée comme le produit mondialisé par excellence car sa fonction, sa conception et sa fabrication sont les mêmes dans tous les pays. Mais que le cadre s’écarte d’un millimètre et la carte postale devient autre chose, une photo d’amateur, un souvenir de famille, une photo ratée.
L’exposition propose de faire de la carte postale le support d’une réflexion sur la fabrication du «typique», du pittoresque et du cliché.
« Paris for ever » à la Galerie Alain Le Gaillard (20 Oct – 10 Déc 2005)
Transformer l’espace d’exposition en boutique de souvenirs. Par ce geste simple, inverser la fonction habituelle de ce lieu, en invitant les artistes à laisser leurs souvenirs personnels de la capitale, souvenirs de touristes, insouciants, lapidaires ou fragmentés, souvenirs issus d’une mémoire épidermique, souvenirs qui restent, devenus regards sur la ville. Et avec le temps, souvenirs intimes aussi…
Redonner ainsi à la boutique son sens littéral de chambre à mémoire où l’on ne vend pas des souvenirs fabriqués, mais où l’on donne à voir, d’abord, ceux que les autres auront laissés de nous. Une manière légère de rompre avec l’ethnocentrisme.
Plus d’informations :Â http://www.paris-art.com/la-tour-eiffel-na-jamais-ete-aussi-belle/
« Que reste-t-il de nos amours ? » à la Galerie Patricia Dorfmann (20 Oct – 10 Déc 2005)
Nous visitons de plus en plus de sites touristiques chaque jour, avec la certitude d’avoir vu tout ce que les guides nous ont présenté comme les chef-d’œuvres de l’humanité, et, à défaut, comme les meilleures inventions d’un quartier, d’une ville ou d’une région. Mais, voilà , saurons-nous dissocier le véritablement vu du déjà vu des cartes postales ? Que reste-t-il de notre mémoire des sites ? Comment cette mémoire peut-elle se constituer, dans la bousculade de la vie en groupe, de la succession rapide des étapes obligées, derrière les vitres d’un bus… ?
Je propose aux artistes de restituer de mémoire le souvenir d’un lieu touristique connu, de transférer le cliché photographique sur un autre support, de passer de l’image de la carte postale dont personne n’est indemne, à une image plus mentale, avec ses noirs, ses morceaux, ses impossibles angles, son irréalisable perspective, ses symétries défaillantes.
Plus d’informations : http://www.paris-art.com/la-tour-eiffel-na-jamais-ete-aussi-belle-2/
Commissaire
Jeanne Truong