Marianne Batlle, Pablo Castillo, James Cornwallis, Anne-Valérie Dupond, Pascale Drivière, Marie-Laure Griffe
Galerie de portraits
Au moment de la réouverture du Musée Picasso, la galerie Collection s’empare d’un genre cher au peintre espagnol: le portrait. Six artistes de la matière se prêtent ainsi à l’exercice, composant une véritable galerie de personnages: façonnés en céramique ou en textile, hommes et femmes illustres, personnages de fiction ou simples anonymes prennent soudain vie sous nos yeux.
Karl Lagerfeld, Michael Jackson ou Marylin Monroe: tous sont passés par l’aiguille de Marianne Batlle. Cette brodeuse hors pair se joue des codes de la pop culture avec ses broches brodées de perles à l’effigie de «people» et autres icônes de notre époque. Marianne Batlle exécute également des portraits brodés sur commande.
Pablo Castillo propose quatre bustes en céramique représentant la jeunesse déshéritée des pays en difficulté de l’Union européenne, réunis sous l’acronyme PIGS. (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). Une jeunesse urbaine résolument moderne mais sans perspective dans des pays raillés bien que riches de culture, d’art et d’histoire, comme le soulignent les portraits de maîtres qui ont inspiré chaque sculpture. Cette série redonne ainsi ses lettres de noblesse à une génération délaissée.
Originaire du Pays de Galles, James Cornwallis travaille une terre rouge chamottée qu’il étire et modèle pour rendre ses personnages vivants. Ses pièces sont colorées au pistolet puis décorées au pinceau. Avec un sens de la dérision tout britannique, influencé par les contes, la BD et les faits divers les plus incongrus, ses sculptures figuratives dépeignent les grands de ce monde. Dernières victimes de son humour dévastateur: Nietzsche, Margaret Thatcher ou Franz Ferdinand.
Le travail d’Anne-Valérie Dupond, fait de volumes textiles rembourrés, s’apparente à la technique du modelage et interroge les conventions de la sculpture. Habituellement de marbre, ses bustes de personnages célèbres deviennent ici légers par l’effet des tissus qu’elle utilise: draps, rideaux ou toiles à matelas. Ici et là , les coutures de fil noir modèlent finement les expressions des visages pour leur donner tout leur caractère, dans un style qui n’est pas sans rappeler les caricatures d’Honoré Daumier.
Pascale Drivière se dit «bricolière de petits riens». Objets délaissés, abandonnés, vêtements récupérés, usés, chargés de mémoire ou linge voué aux chiffons: tous ces vestiges modelés par l’usage racontent pour elle le temps qui passe. Ils lui inspirent ces anciennes photographies de familles anonymes surgies du passé, retouchées au fil, ou ces délicats portraits encadrés d’un tambour à broder. Une façon, dit-elle, de «repriser les accrocs du passé».
Marie-Laure Griffe développe tout un travail autour de son matériau de prédilection: la terre. Sa démarche artistique est issue de la fascination qu’exerce sur elle l’homme, cet être étrange, qui est son principal sujet d’observation. L’interaction, la perméabilité entre lui et l’univers, lui et l’autre est pour elle un questionnement sans fin. Marie-Laure Griffe propose ici toute une série de personnages de faïence, dans une mise en scène proche du théâtre.
Collection est la galerie d’Ateliers d’Art de France. Ecrin des métiers d’art contemporains, elle propose des expositions thématiques ou collégiales dévoilant la singularité des artistes de la matière.