Lieu
Galerie ColletPark
Communiqué de presse
Cinq étendoirs à linge se sont déguisés. Comme peuvent le faire les enfants, ils jouent aux fantômes, cachés sous des draps. Chacun a revêtu un habit uniformément coloré : satin rouge, coton blanc ou vert mat, viscose bleue brillante et lamé argent. Tous de différents modèles, les indépliables sont coincés dans leurs enveloppes colorées, immobilisés, jambes et bras raides, tendus ou fléchis. Leurs squelettes de fines tiges blanches affleurent doucement sous leurs costumes. Dans ce passage de l’objet à la figuration, la scène évoque un cours d’aérobic figé dans une pause éternelle, dont chaque membre aurait choisi sa meilleur posture et sa plus belle tenue pour le gala final. Certains ont leur propre éclairage : une ampoule sur un haut pied à roulette qui les surplombe. Béquille lumineuse, elle leur assure autonomie, visibilité et mobilité. Dans ce groupe d’accessoires ordinaires, chaque individu fait des mains et des pieds pour décliner sa propre identité.
Quinze photographies noir et blanc font état des quinze postures géométriques de l’un d’entre eux. Gymnastics of the Foldables est une étude rigoureuse d’un modèle sans vêtement. La série des clichés alignés reconstitue une séquence de mouvements, distorsions et contorsions d’un étendoir à linge. Synthèse des qualités formelles d’une étude de Muybridge sur les mouvements d’un gymnaste et de la structure systématique de Semiotic of the Kitchen (1971) de Martha Rosler dont l’hystérie débordante est plus proche d’une séance de kung-fu que d’une leçon de cuisine, cet objet domestique photographié dans toutes ses configurations possibles fait bon ménage avec son émancipation anthropomorphique.
À partir d’objets fonctionnels, Haegue Yang élabore un système formel calqué sur une projection corporelle, alternant entre figuration et géométrie abstraite. En les faisant passer sur le terrain de la sculpture et de la photographie, Yang laisse ces objets habillés errer entre deux états, entre la familiarité physique des étendoirs à linge et l’étrange présence d’êtres fantomatiques. Accessoires individualisés, fétichisés, voire glorifiés (bras tendus vers la lumière) dans une forme d’outrance humoristique, ces œuvres sont à jamais hantées par une vie antérieure entièrement dédiée à de bons et loyaux services rendus aux hommes.
Emilie Renard
Infos pratiques
> Lieu
Galerie ColletPark
203 bis rue Saint-Martin. 75003 Paris
M° Rambuteau
> Horaires
du mardi au samedi de 13h à 19h.
> Contact
T/F 01 40 46 00 20
gallery@colletpark.com
www.colletpark.com
> Entrée libre