Micol Assaël, Ceal Floyer, Laurent Grasso et Roman Signer
Gakona
Quelques maisons, une station service, un bureau de poste, deux diners… Et une base scientifique énigmatique.
Gakona, petit village au centre de l’Alaska, abrite le programme de recherche américain Haarp (High-frequency Active Auroral Research Program). Inspirés par les travaux de l’inventeur Nikola Tesla, des chercheurs y étudieraient la transmission de l’électricité dans les hautes couches de l’atmosphère.
Mais, en raison de son financement militaire et des peurs liées à l’électromagnétisme, Haarp est aussi devenu une source intarissable de rumeurs. Dérèglement climatique, influence sur les comportements humains… On prête à cette forêt d’antennes des pouvoirs dignes de la science-fiction.
Constituée de quatre expositions personnelles (Micol Assaël, Ceal Floyer, Laurent Grasso et Roman Signer), la session Gakona se situe à la croisée du fait et de la rumeur, du réel et du fantasme, de la science et de l’imaginaire.
Présentant des œuvres qui échappent à toute velléité d’interprétation figée, elle poursuit ainsi la volonté du Palais de Tokyo de promouvoir une dynamique du regard et de l’esprit, fondée sur une oscillation permanente entre pôles opposés.
Module 1
5 février 2009 – 1 mars 2009
Dominique Blais
C’est dans le cadre de Gakona – session conçue par Marc-Olivier Wahler, à la croisée du fait et de la rumeur, du réel et du fantasme, de la science et de l’imaginaire – que Dominique Blais réalise son exposition pour le Module 1.
Dominique Blais a débuté son travail en 2005. Delay (chambre d’écho), deaf room (chambre sourde), feedback (retour) sont alors quelques-uns des motifs qui structurent ses oeuvres inspirées par la musique. En 2006, il réalise un objet intitulé White Light / White Heat (lumière blanche / chaleur blanche). L’hommage au célèbre album du groupe Velvet Underground explicite l’attachement à l’univers musical et ses nombreuses utopies allant de John Cage à la musique électronique en passant par le rock psychédélique.
Module 2
6 février 2009 – 1 mars 2009
Etienne Chambaud – « Color Suite »
« Color Suite », première exposition personnelle d’Etienne Chambaud dans une institution, présente un ensemble inédit de sérigraphies sur toile. Une « color suite » est l’espace de postproduction qui permet la synchronisation ou l’altération des couleurs d’un film. Le principal objectif de ce procédé est d’obtenir une continuité des couleurs entre les différentes scènes. C’est également là que se calibre l’ajout de pistes d’effets spéciaux et que sont travaillées les couleurs lors de la restauration d’un film. L’opérateur d’une « color suite » est appelé coloriste. Les œuvres présentées dans l’exposition, construites à partir d’archives relatives aux coloristes des débuts du cinéma, portent ainsi pour titre Les Coloristes Coloriées.
Au-delà du vocable technique, le titre de l’exposition joue des malentendus que la compréhension du mot « suite » peut engendrer : à la fois une gamme complète de meubles et par extension une chambre d’hôtel luxueuse, une collection de logiciels informatiques, une bonne main au poker, mais aussi un nouvel épisode au cinéma, ou encore une forme spécifique de la musique baroque… C’est aussi l’adresse d’un lieu dans un immeuble de bureau ou dans un centre commercial, comme le serait une Color Street ou une Color Plaza. Les Å“uvres sont elles-mêmes créatrices d’ambiguïtés : peut-on dire qu’elles appartiennent à un genre ? Pencherait-on plutôt vers la farce ou vers la tragédie ? S’agit-il de peintures pop, de jeux de langage, de tableaux historiques ? Sont-elles ironiques ? Contextuelles ? Documentaires ? Allégoriques ?
Cette polysémie, ou polyphonie, est représentative du travail d’Etienne Chambaud. Ses œuvres sont formellement très variées : de la photographie au texte, en passant par l’installation et la performance, le collage, le néon ou le ready-made. La théorie semble jouer un rôle important dans sa pratique, au point que l’on pourrait en parler comme d’un medium à part entière, tout autant que l’exposition ou l’œuvre elle-même. La production d’Etienne Chambaud apparaît comme une construction fragmentaire, alternant accumulation et disparition. Elle agglomère à la fois des ensembles par complexité croissante tout autant qu’elle disperse, morcelle, attentive aux détails. Elle implique un travail d’interprétation ; plus qu’à une simple explication elle invite à un dialogue.
Evénement
Rencontre
Jeudi 19 février 2009
Laurent Grasso – Auditorium
A 19h30 : Laurent Grasso a composé cette soirée autour de son installation Haarp comme une suite de séquences. Au programme : dégustation électrique par Gilles Stassart, intervention d’Arnauld Pierre, lectures de textes de Yoan Gourmel, projections… En présence de Laurent Grasso.
Img : Laurent Grasso, Polair, 2007. Dvc Pro & animation ; 8 min 30 en boucle / loop.
Collection musée national d’Art moderne, Paris ; Courtesy Galerie Chez Valentin, Paris
critique
Gakona