Bernard Dejonghe
Fusions
Le travail de Bernard Dejonghe, associe une technicité (et même une haute technologie), des préoccupations très antiques – ancestrales – et une actuelle – urgente – réflexion sur l’art. Raphaël Monticelli, critique d’art niçois, appelle «rigueur» cette radicalité dans la démarche et les procédures de la céramique: cette façon brutale d’émailler et de tirer les différences colorées de la seule action du feu ; cette tension entre le cube dans lequel la forme de verre devrait s’inscrire et les ruptures que l’artiste impose au matériau; cette conversation entre le traitement de la limpidité du verre, sa pureté et le burinage qui vient le troubler sur telle de ses faces.
Lorsque le travail met en Å“uvre des savoir-faire aussi complexes et sophistiqués, lorsqu’il s’inscrit dans une tradition millénaire, lorsque l’artiste l’accompagne par une réflexion constante qui va de l’archéologie aux technologies de pointe, on s’attend toujours au pire. Il y a tant à dire, il y a tant à montrer, on est parcouru par tant de forces… Comment ne pas charger chaque objet que l’on fait? Comment ne pas y ajouter tout ce que l’on sait faire et tout ce que l’on a appris? Comment ne pas en rajouter? Comment ne pas céder à la tentation de surcharger?
On a dit rigueur. On aurait pu dire aussi simplicité, dépouillement, économie. On aurait pu dire silence. C’est ce silence-là qui fait rester longtemps face aux objets que Dejonghe propose; qui fait qu’ils reviennent en mémoire. Blocs et trouble mêlés. Moins pour les interroger, que pour laisser les interrogations qu’ils contiennent ou supposent, s’imposer.
Ces objets, formes de terre, blocs de verre, ne vous quittent pas. Leurs colorations, leur transparence perturbées perturbent le regard à chaque instant. […]
Dans sa vie comme dans son travail d’artiste, planté dans la terre qu’il brasse et fait fleurir, tutoyant le feu, Bernard Dejonghe «touche le ciel». Il nourrit son travail et sa réflexion d’artiste de la longue histoire des hommes, de celle des étoiles, pour en tirer ces formes, simples, premières – brèves dit-il parfois – efficaces, qui remuent en nous des souvenirs ignorés et nous inventent une profusion de futurs possibles.
Raphaël Monticelli
Vernissage
Jeudi 3 mars à 16h