Alexandre Périgot
Funkypipe
Alexandre Périgot articule des positions paradoxales sur l’art et la société. Mettant en friction culture populaire et histoire de l’art, l’artiste crée des oeuvres critiques aux dimensions esthétiques et politiques décalées.
Une de ses dernières pièces Borderpalace fait référence à une nouvelle cartographie de l’Europe. Alexandre Périgot diffuse une bande son composée avec des groupes de musique des anciens pays du bloc de l’Est, dans une sorte de labyrinthe en mouvement,
troublant ainsi les frontières entre espace réel et espace rêvé.
Avec Funkypipe, comme dans plusieurs expositions précédentes de l’artiste, il est fait référence aux tuyaux qui permettent l’échange d’énergie, de fluides et de biens matériels entre les pays et qui, depuis presque un siècle, redessinent sans cesse les états. Ce sont ces enjeux de flux et de frontières mouvantes qu’Alexandre Périgot questionne en associant à ses installations des performances musicales qui brassent elles aussi les limites des territoires, mêlant le plus souvent musique savante et populaire.
Dans une démarche d’échanges, il emprunte cette fois une vidéo intitulée Belly Dancer à un artiste viennois Richard Hoeck. Cette vidéo fait contrepoint à la présentation des étagères dansantes. Construites à base de structures tubulaires et de tablettes en aluminium, elles sont mues par un système mécanique. L’entraînement du moteur produit un mouvement de vacillement ou d’ondulation qui fait osciller ces objets fous entre ivresse et danse lancinante du ventre.
La seconde oeuvre présentée réunit une installation sous le titre Sometimes you Win Sometimes you Lose (parfois tu gagnes, parfois tu perds). Constituée de tubes en plastique désarticulés, l’installation tente de réécrire la phrase dans l’espace d’exposition. Reliée
à une centrale d’aspiration, la structure contient un objet qui est propulsé à l’intérieur du circuit tubulaire : son frottement produit un bruit saccadé. Le trajet sonore de l’objet invite le spectateur à reconstituer mentalement ou physiquement le tracé de la phrase.
Une publication est associée à cette installation : elle réunit les réponses visuelles et textuelles d’une centaine d’artistes internationaux à la phrase Sometimes you Win Sometimes you Lose. La lecture du livre peut s’effectuer dans les deux sens d’ouverture et de fermeture. De même que les successions d’images et de textes mettent en échec la prétention idéologique de réussite et de volonté de puissance véhiculée par la phrase.
La notion de jeu est indissociable de la démarche d’Alexandre Périgot qui cherche toujours à faire valoir une interrogation souvent grave par les moyens de la participation et du divertissement.