Derrière une tenture de velours rose, un long corridor obscur. Des chaises et des tables de jardin, un décor végétal spectralement redessiné par des UV de discothèque, invitent d’entrée à la pause. Un sas de décompression, en somme, pour se laver des bruits et des lumières de la ville. Puis un vaste patio, au parquet ciré, et à la luxuriance toute artificielle. Des feuillages qui diffractent multicolore un ciel blanc de lumière, des sous-bois roses magenta, comme des photos qui auraient mal vieilli, tapissent les murs. Là encore une table, des poufs, voilés de tissus crème, des ampoules UV, inopérantes dans la lumière, qui évoquent le décor d’un dancing désuet, et déserté.
Une autre issue donne sur une série de lits : chambres d’hôtels, ou de motels, recolorisées en pastel fluo, aussi kitsch qu’impersonnelles, mais que la mise en lumière dans la pénombre métamorphose en joyaux, de pacotille. Ces Nouveaux Conforts, qui scintillent en bleu néon au fond de la nuit, proposent aussi une aire de repos, or et argent.
De cette clinquance tape-à -l’œil , ne subsiste que le squelette fluorescent, dans Luminaville. Plus loin, une vidéo bonimenteuse fait la réclame d’un produit miraculeux, dont elle se garde bien de montrer l’effet annoncé, par ailleurs parfaitement saugrenu : rendre les mains luminescentes.
Toute de poudre aux yeux et d’illusion à deux sous, la « Fun House » de Martine Aballéa réagence, avec une fausse insouciance, de menus divertissements du monde, de ceux qui le saturent de factice, et de camelotes inutiles, et le minent d’indifférence et d’oubli.
Martine Aballéa
— Pink Jungle Corridor, 2002. Installation.
— Patio, 2002. Installation. Fresque photographique, et Warm Gardens, 2001 : meubles lumineux et 5 photos.
— Nouveaux Conforts, 2002. Installation et série de 6 photos.
— Luminaville, 2002. Série de 5 photos.
— La Force violette, 2000. Vidéo en boucle.
— Boisson ronde, 2002. Proposition pour une boisson future (au café du Centre).