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Fûdo

PGérard Selbach
@12 Jan 2008

Japon imaginaire, entre tradition et modernité, mais sans exotisme, fait d’un amas syncrétique de tous les stéréotypes rassemblés par la magie du photomontage numérique, dans un jeu subtil entre le vrai et le faux.

En mars 2000, Pascal Monteil nous faisait faire le tour du monde avec pour escales ses visions personnelles de cités comme Naples, Gibraltar, Bombai, Saigon, Rangoon ou Dubaï. Il poursuit son art de voyager dans une autre exposition. De retour du Japon, il illustre ses impressions visuelles de ce pays dans une image numérique déclinée, par zooms et recadrages successifs, en cinq versions ou angles de vue contre-collés sur aluminium.

Pascal Monteil nous offre son exploration et sa perception d’un Japon que sa mémoire aurait rendu imaginaire. Sa fascination pour le foisonnement l’amène à assembler sur un même panneau ce qui ressemble fort aux éléments fragmentaires trouvés dans des guides de voyage ou sur des cartes postales souvenirs.
Mais son photomontage numérique n’évoque nullement l’exotisme du Japon traditionnel aux temples shintoïstes ou bouddhistes et aux jardins zen, chers aux visiteurs de Kyoto. Le résultat est plutôt le produit d’une synthèse imaginaire, faite d’un mélange de tradition et de modernité, dont l’impression d’ensemble serait un paisible lotissement aux structures de bois.

Faisant œuvre d’illustrateur, il joue ainsi avec un amas syncrétique du mythe japonais et de tous les référents stéréotypés: demeures modernes, mais à l’architecture traditionnelle de bois et aux panneaux coulissants ; lanternes de papier ; bonzaï ; Japonaises habillées de kimonos ou de vêtements occidentaux ou déshabillées prenant un bain dans les sources chaudes, les onsen ; calligraphies sur bois ou sur pierre près de statues de divinités indoues ; bassins où nagent des poissons multicolores ; mangas, etc.

Sa construction iconographique projette une étrange illusion de réalité détournée à des fins expressives et transforme une vraie combinatoire du Japon en un faux photographique presque parfait. Elle atteint même au paradoxe de la fidélité dans la reproduction de détails réels que l’assemblage rend pourtant invraisemblables. «Un travail digne d’un faussaire», ont dit certains. Toutefois l’idéalisation de la mise en scène est bien présente, et son souci esthétique et plastique entraîne une perspective photographique insolite et une confusion des plans et des échelles.

Si Pascal Monteil présente une culture japonaise complexe aux multiples facettes, il règne une atmosphère calme, loin du bruit des mégalopoles tentaculaires, sorte d’enclave protégée propice à la méditation après avoir dégusté un thé vert. Son exploration est-elle aussi une interrogation sur un Japon en mutation qu’il est temps de fixer sur la pellicule avant qu’il ne disparaisse sur fond de soleil couchant ?
Sa manipulation et son collage d’images lui auront au moins permis de construire, de toutes pièces, son lieu de mémoire japonais.

Pascal Monteil :
— Fûdo 1, 2002. Image numérique contrecollée sur aluminium. 100 x 196 cm.
— Fûdo 2, 2002. Image numérique contrecollée sur aluminium. 100 x 196 cm.
— Fûdo 3, 2002. Image numérique contrecollée sur aluminium. 100 x 196 cm.
— Fûdo 4, 2002. Image numérique contrecollée sur aluminium. 100 x 196 cm.
— Fûdo 5, 2002. Image numérique contrecollée sur aluminium. 100 x 196 cm.

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