Céleste Boursier-Mougenot
From here to ear recycle zombiedrones
Pour sa première exposition à la galerie Xippas, l’artiste Céleste Boursier-Mougenot transforme la galerie en volière.
En conférant une égale importance à la musique en tant que « forme à écouter », qu’aux modalités de sa production et de sa présentation, Céleste Boursier-Mougenot nous invite à une écoute qu’il qualifie de « distraite ». Les bruits de notre environnement, les sons résiduels qui ne sont pas produits à des fins musicales recèlent un potentiel que ses dispositifs recadrent pour une « expérience d’écoute » qui associe le visible et l’audible et intègre temporairement la présence de « celui qui contemple » comme partie intégrante de l’œuvre. Le bruit d’une voiture qui passe, celui d’une chaise qu’on déplace, le bourdonnement familier des appareils électriques ou le tintement des bols de porcelaine qui flottent dans une piscine pour enfant; autant de données aléatoires, de matériaux à partir desquels il conçoit des dispositifs qui accompagnent le rythme physiologique de notre vie, prolonge les attentes d’une « musique d’ameublement ».
Utilisant les imperfections des systèmes qu’il emploie, les accidents techniques, le larsen sonore ou le feedback vidéo, il joue de la disjonction des sources avec virtuosité : le signal vidéo traité comme du son, des harmonicas montés sur des aspirateurs, des guitares électriques transformées en perchoirs pour les oiseaux… Depuis 2006, avec les œuvres intitulées Bruitformé, FlamByframe, Virus ou Recycle, il transpose aux champs de la sculpture, de l’objet ou de l’image les principes du feedback et de la transduction qui ont fondé sa démarche.
Pour cette première exposition à la galerie Xippas, Céleste Boursier-Mougenot installe From here to ear, récemment exposé au Lentos Kunstmuseum de Linz (Autriche). Ce dispositif, dont le principe a été conçu au début des années 1990, transforme l’espace de la galerie en une volière dans laquelle les visiteurs entrent pour côtoyer quelques dizaines d’oiseaux vivants qui en se posant sur les guitares électriques engendrent une pièce musicale.
Dans un autre espace de la galerie, l’artiste installe son « set standard pour deux téléspectateurs » de la pièce inédite intitulée Zombiedrones. Le cryptage en direct des images télévisuelles, dont le dispositif se nourrit, teinte les scènes les plus banales vidées de leur message d’une « inquiétante étrangeté ».