L’exposition « Burial Of The Red Herring » à la galerie Maïa Muller, à Paris, réunit des peintures et des céramiques de Fritz Bornstück, des natures mortes fondées sur le recyclage des débris.
« Burial Of The Red Herring » : peintures et sculptures de Fritz Bornstück
La pratique de Fritz Bornstück relève de ce qu’il décrit lui-même comme un « recyclage culturel ». Qu’il s’agisse de peintures ou de céramiques, elles se nourrissent en effet des déchets de la vie quotidienne comme de la culture populaire. Objets usés et abîmés déposés sur un trottoir, reliques d’une vie dans une maison à l’abandon ou encore restes d’un campement improvisé dans la nature trouvent dans les toiles et sculptures de l’artiste allemand une nouvelle vie.
Les peintures de Fritz Bornstück, de très grand ou de petit format, constituent d’étranges natures mortes où les objets et les mets attirants, brillants, appétissants, sont remplacés par des artefacts dénués d’attrait, amoncelés de façon hasardeuse et plongés dans une semi-obscurité ou une lumière grise d’aspect irréel. La nature précaire et hétéroclite des objets représentés par Fritz Bornstück induit des compositions elles-mêmes marquées par un équilibre incertain, renvoyant à une conception de la peinture comme un processus permanent.
La pratique de Fritz Bornstück relève d’un « recyclage culturel »
Les cadres de ces agencements précaires d’objets, paysages dénudés ou intérieurs de pièces, fonctionnent comme des espaces matriciels que le peintre utilise dans plusieurs tableaux. Ainsi, on retrouve à différentes reprises un intérieur constitué de murs nus, d’un sol au dallage bicolore et d’une fenêtre ouverte. Ces contextes neutres constituent des sortes de champs magnétiques qui attirent une multitude d’éléments, jusqu’à parvenir à un résultat instable et étrange.
Les détritus qui habitent les peintures et céramiques de Fritz Bornstück sont de diverses origines : les simples déchets du quotidien comme une chaise désarticulée, un ballon, une canette, des mégot, des chewing-gums, une béquille, réfrigérateur cassé, un câble électrique ou encore un vieux parapluie, côtoient des références à l’histoire de l’art, comme un matelas évoquant le tableau Destroyed Room de Jeff Wall, ou encore des obsessions et des souvenirs personnels de l’artiste. Il en résulte des œuvres qui créent leur propre réalité, réunissent ce qui est éparpillé et effacent la limite entre le réel et l’imaginaire.