L’exposition « Fred Forest » au Centre Pompidou présente une rétrospective de l’œuvre de l’artiste multimédia français dont la création conceptuelle Territoire du m2 fête comme le Centre Pompidou son quarantième anniversaire. A travers un ensemble d’archives photographiques, télévisuelles et écrites pour la plupart inédites sont présentées des actions emblématiques et d’autres moins connues.
Le territoire, notion majeure de l’œuvre de Fred Forest
Le parcours de l’exposition consacrée à Fred Forest s’appuie sur une des notions principales qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre de cet artiste : celle de territoire. Une création emblématique de Fred Forest, le Territoire du m2 artistique, née en 1977 comme le Centre Pompidou, est le point de départ de la manifestation qui retrace le développement d’une œuvre autant artistique que médiatique.
La première partie de l’exposition s’intéresse aux débuts de Fred Forest en tant que peintre. Le « tableau écran » qu’il crée en 1969 témoigne de sa volonté de se libérer du format du tableau pour atteindre une forme de peinture active. Ce premier essai signe le début du recours à la technologie interactive des médias qui marquera ensuite toute son œuvre. Les œuvres proprement picturales et les dessins de Fred Forest, comme ceux qu’il réalise pour les journaux Combat et Les Echos expriment ses convictions politiques et laissent déjà deviner son souhait d’investir l’espace médiatique.
Fred Forest tente de mettre l’imagination au pouvoir
L’intérêt de Fred Forest pour l’écran de télévision se lit dès ses premières œuvres. Il y voit une nouvelle origine du monde et s’en inspire pour les actions et protocoles qu’il mène à partir de 1967, destinés à ouvrir des espaces interactifs comparables aux écrans télévisés. On redécouvre ainsi l’action Space médias de 1972, dans laquelle il propose aux lecteurs des encarts blancs dans le journal Le Monde, transformant ainsi des espaces de censure en espaces d’expression libre, ou encore des performances par lesquelles il répète ce protocole dans des lieux médiatiques comme la radio ou ta télévision, comme Hommage électronique à Yves Klein en 1984. Autant d’actions par lesquelles Fred Forest tente de mettre l’imagination au pouvoir.
L’œuvre de Fred Forest est traversée par la notion de territoire, comme le montre la suite de l’exposition. Celle-ci met en lumière les tensions qui l’agitent, entre plusieurs échelles et natures de territoires : entre le territoire concret de la peinture et des médias et celui théorique des « vides » offerts à l’imaginaire, entre l’espace institutionnel et le flux médiatique, ou encore entre le territoire local et le territoire planétaire… Ainsi aux portraits sociologiques réalisés dans des actions de quartier comme l’Action sociologique à Brooklyn et dans des rues comme New Media n°1 à Malmo en 1975 répondent des interventions mondiales à la portée politique.