ART | EXPO

Frantz Lamothe

14 Mar - 22 Avr 2006

Traitement en aplat de la couleur, thèmes faussement naïf, Frantz Lamothe, né à Haïti, réussit la synthèse de ses origines et de son expérience dans une peinture qui reflète la créolité.

La créolité est un carrefour, lieu de liberté pour qui sait s’en saisir. Haïti en est l’exemple remarquable où la mixité des influences dues aux vicissitudes de l’histoire et aux brassages des populations ont permis la naissance d’une culture originale.

Frantz Lamothe peut être considéré comme un artiste emblématique de cette culture. Il s’inscrit dans une histoire qui débute au début du siècle avec Hector Hyppolite — le «surréaliste» inconscient révélé par Breton — jusqu’à nos jours avec Télémaque.
Les vies et les peintures de cet artiste sont des aventures peu communes. Né à Haïti en 1961, sa famille doit fuir le régime des Duvallier. L’enfant découvrira les nuits et la vie de Greenwich Village. Autodidacte, ami de Basquiat, l’autre Haïtien, et de Keith Hairing, vivant dans la rue, il utilise alors les graffitis pour exprimer cette nouvelle violence urbaine qu’il côtoie et partage.

Les expositions s’enchaînent dans Manhattan, et le jeune artiste découvre le monde feutré des galeries. Lamothe ne veut pas en être dupe et retourne en Haïti. Déceptions des retours et décision prise de venir à Paris, l’autre capitale de l’art.

Aux carrefours de ces trois mondes, sa peinture reflète cette «créolité». Scènes matissiennes aux couleurs éclatantes ou des femmes allongées nous dévisagent; hommage à l’ami travesti désormais disparu dans la nuit américaine; enfin scènes urbaines qui témoignent des violences qui ont traversé l’Ile du Saint Soleil.

Traitement en aplat de la couleur, thèmes faussement naïf, Frantz Lamothe réussit la synthèse de ses origines et de son expérience. André Malraux disait: «Ces toiles nous posent une énigme. Pourquoi la couleur surgit-elle tout à coup à Haïti plutôt qu’en tout autre île des Antilles» (in L’Intemporel). Frantz Lamothe nous fait surgir ici à Paris l’éclat de ces lumières. Derrière ces apparents bonheurs se profile aussi la violence d’un monde urbain cruel comme l’éclat d’un soleil noir.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Natalia Grigorieva sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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