Survoltée est la pièce du chorégraphe Frank Micheletti (Cie Kubilai Khan Investigations). De fait, Volt-s Face [orthographiée Volt(s) Face] explore le caractère électrique des interactions et frictions humaines. Sur scène, Mugstar, groupe de rock venu de Liverpool, livre des sons live, naviguant entre nappes électriques planantes et accords intenses. Où la batterie se fait presque chamanique. Offrant ainsi une musique qui porte autant les danseurs que les danseurs impulsent sonorités et rythmes. Avec des sons hypnotiques, allant jusqu’à prendre des textures stridulantes de khomus (guimbarde iakoute). Et dans ce tissage serré de sons, danseurs et musiciens conjurent radicalement l’immobilité. Créant ainsi des paysages à parcourir au galop. Magnétiques, les sept danseurs — Viktoria Andersson, Gabriela Ceceña, Idio Chichava, Maria de Dueñas López, Peter Juhasz, Esse Vanderbruggen et Csaba Varga — virevoltent.
Volt-s Face de Frank Micheletti : à la recherche des décharges électriques
Décor réduit au minimum, c’est le duo musiciens / danseurs qui compose les images de Volt-s Face. Un duo-duel insatiable, où chacun se fait face, se répond, se transmet l’impulsion du mouvement suivant. Agiles, les danseurs glissent, bondissent, tombent, se relèvent. La percussion de la batterie, la percussion des heurts… À propos de la chorégraphie de Volt-s Face, Frank Micheletti évoque les manières de se déplacer en espace urbain. Cette grisante vitesse, à slalomer entre les corps. Expérience aussi enivrante que toxique, s’y mêlent agressivité et dextérité des évitements. La parfaite bifurcation, dans la dernière fraction de seconde, et son corollaire, autrement parfait : le choc. Spectacle empreint de frictions électriques, Volt-s Face rayonne d’une tension orageuse. chaque représentation générant son énergie propre.
Live chorégraphique entre danseurs et musiciens (Mugstar)
Pièce nerveuse, Volt-s Face joue à pile ou face. Pour des courts-circuits qui semblent se résoudre en temps réel. Ambiance d’urgence un peu fébrile, toujours en passe de s’arrêter, mais comme incapable de s’immobiliser complètement. Brusques changements de trajectoires, jeu sur les ralentis et les accélérés… La pulsation sonore engendre des montagnes russes émotionnelles et chorégraphiques. Avec de puissantes montées, ainsi que des drops [relâchés] aussitôt repris. Attentifs aux déploiements harmoniques, les musiciens de Mugstar — Pete Smyth, Neil Murphy, Jason Stoll et Steve Ashton — laissent l’espace se remplir de vibrations. Les nappes de guitares, basse, batterie, clavier et voix composent un bain électrisant, où se plongent des corps sous tension. Aussi bien ceux des danseurs que ceux des publics. Pour une expérience enivrante, venant désamorcer l’expérience quotidienne d’urgence, d’accélération et de vertige face à la perspective d’un arrêt.