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François Morellet : quelques courbes en hommage à Lamour

Réinterprétation, par fragmentation, des motifs ornementaux du ferronnier Jean Lamour (grilles de la place Stanislas à Nancy) par l’artiste contemporain François Morellet. L’occasion aussi de faire le point sur la carrière de l’artiste.

— Éditeurs : Réunion des musées nationaux, Paris / Musée des beaux-arts, Nancy
— Collection : reConnaître
— Année : 2003
— Format : 15 x 23,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 67
— Langue : français
— ISBN : 2-7118-4674-1
— Prix : 12 €

La religion de Morellet
par Christian Besson (extrait, p. 20)

François Morellet a conçu son exposition au musée des beaux-arts de Nancy comme un hommage à Lamour [Jean Lamour, né et mort à Nancy (1698-1771), ferronnier], l’auteur des grilles de la place Stanislas. Pour qui connaît sa référence récurrente au style baroque et son goût des jeux de mots, cela n’a rien de surprenant. Au baroque et à son cortège d’attributs — la courbe, l’irrégularité, le mélange des médiums, la métaphore végétale, la perturbation de l’architecture par le décor, l’anamorphose, l’effet optique, la dissolution des formes, voire le ravissement amoureux — son œuvre répond par bien des échos, davantage et de plus en plus délibérément, du reste, au fur et à mesure qu’elle avance dans le temps. La référence de l’artiste va même plus précisément à la phase tardive du baroque, le rococo, comme il s’en est expliqué dans la présentation de son exposition à la galerie de l’École des arts appliqués de Vienne, en 1994, exposition qu’il avait intitulée de façon significative « BarocKonKret », ramassant de la sorte, en un mot-valise, la duplicité d’un œuvre entrepris sous les hospices de la rigueur constructiviste. Cette duplicité est connue et les pieds de nez hasardeux et baroques de Morellet à l’École de la rigueur ont déjà donné lieu à maints commentaires — y compris les siens [François Morellet, Mais comment taire mes commentaires, Paris : Ensba, 1999]. L’Hommage à Lamour poursuit donc, en tout état de cause, le renversement du paradigme de ses premières amours, celui de l’ascétique trame, au profit d’un nouveau, plus débridé, celui de la courbe. L’exposition va même plus loin, en construisant la fiction rétrospective d’un Morellet entièrement « courbe », à coup de sélection partiale d’œuvres ad hoc. Ce tour de force est bien entendu un mensonge.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de la Réunion des musées nationaux)

L’artiste
François Morellet est né en 1926 à Cholet, Pays-de-la-Loire.

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