L’exposition « Bacon en toutes lettres » au Centre Pompidou, à Paris, réunit, plus de vingt ans après la dernière grande exposition française consacrée à cet artiste majeur du XXe siècle, des peintures datant de 1971 à 1992, au fil d’un parcours qui explore de façon inédite l’influence de la littérature sur l’œuvre de Francis Bacon.
Peintures de Francis Bacon de 1971 Ã 1992 au Centre Pompidou
L’exposition se concentre sur les œuvres réalisées par Francis Bacon au cours des deux dernières décennies de sa carrière : elle rassemble soixante tableaux, dont douze triptyques et une série de portraits et d’autoportraits. De 1971 à la mort du peintre en 1992, son style se caractérise, par rapport aux périodes précédentes, par sa simplification et son intensification. Les couleurs acquièrent alors une nouvelle profondeur tandis que Francis Bacon recourt à un registre chromatique renouvelé, fait de jaune, d’orange saturé et de rose.
L’année 1971 représente pour Francis Bacon un moment charnière : alors qu’une rétrospective que lui consacre le Grand Palais lui offre une reconnaissance mondiale, son compagnon se suicide quelques jours avant le vernissage. S’ouvre alors une période marquée par la mort et par la culpabilité, des thèmes qui hantent la suite de sa production picturale. Ainsi les trois « triptyques noirs », In Memory of George Dyer, 1971, Triptych–August 1972 et Triptych, May–June 1973, ont-il été peints en mémoire de son ami.
« Bacon en toutes lettres » : l’influence de la littérature sur la peinture de Francis Bacon
La littérature est placée au cœur de l’exposition qui s’inspire notamment de l’inventaire de la bibliothèque de Francis Bacon, réalisé par le département d’histoire de l’art et d’architecture du Trinity College de Dublin. Plus de mille ouvrages y ont été recensés, parmi lesquels ceux d’Eschyle, Friedrich Nietzsche, Georges Bataille, Joseph Conrad, Michel Leiris et T. S. Eliot, des auteurs qui ont directement inspiré à Francis Bacon certains de ses sujets, motifs et œuvres. Des extraits de leurs œuvres lus par Mathieu Almaric, Carlo Brandt, Denis Podalydes, Hippolyte Girardot et Laurent Poitrenaux sont diffusés dans les six salles de l’exposition.
L’impact de ses lectures sur l’œuvre de Francis Bacon s’explique notamment par la parenté qu’il se reconnaissait avec leur univers poétique, leur communauté spirituelle. Tous les auteurs cités partageaient en effet un même rejet des valeurs qui traditionnellement guident une œuvre ou une pensée (la beauté, la téléologie historique, le divin, etc.) et une même vision réaliste de l’art et du monde, libérée de l’idéalisme et de la morale.