Four Decades, 1970-2010

L’art du collage

L’exposition monographique «Four Decades, 1970-2010» présente l’œuvre de l’artiste américain James Rosenquist: une soixantaine de peintures et collages échelonnées sur quarante ans de création à partir des années 1970.

Œuvre majeure de l’exposition, le tableau intitulé Four New Clear Women, réalisé en 1982, s’étend sur quatorze mètres de long et cinq mètres de large. Sa composition éclatée et imbriquée mêle des engrenages et des visages de femmes hachurés dont la disposition s’inspire des palmiers du jardin de l’artiste en Floride. Cette technique caractéristique des œuvres de James Rosenquist de cette décennie permet d’imbriquer deux plans picturaux qui n’en forment plus qu’un et de produire un effet de condensation visuelle. Le titre de l’œuvre repose sur un jeu de mot entre «new clear» et «nuclear» (nucléaire). Il renvoie à la position ambiguë des femmes au pouvoir à l’époque, notamment Margaret Thatcher et Indira Gandhi, face à la menace nucléaire et à la guerre.

La pub au service de la culture

Cette peinture témoigne de la maîtrise de l’iconographie des médias de masse par James Rosenquist. Cette maîtrise héritée d’un début de carrière en tant que peintre publicitaire est mise au service d’une analyse de la culture capitaliste moderne. Les travers de la société américaine sont mis en lumière à travers des tableaux d’une grande force visuelle, où s’étalent en grands formats les panoramas urbains modelés par le consumérisme ou la végétation tropicale de la Floride, à la luxuriance presque artificielle.

La complexité des compositions permet de cumuler plusieurs niveaux narratifs par séquences, effets kaléidoscopiques ou entrecroisement. La technique du hachurage observée dans le tableau Four New Clear Women est également présente dans celui intitulé Sky Hole où des fleurs sont comme découpées en lamelles. Cette œuvre s’inscrit dans la série Welcome to the Water Planet qui aborde le thème de la nature et de l’écologie. D’autres  thèmes aussi variés que la géopolitique, la technologie, l’espace ou encore le voyage dans le temps sont récurrents dans l’œuvre de James Rosenquist.