Elaine Cameron-Weir, Thomas Fougeirol, Jesse Hultberg, Wayne Koestenbaum, Marlie Mul, Carlos Reyes, Ben Schumacher, Jo-ey Tang, Donald Urquhart, David Wojnarowicz
Forming the Loss in Darkness
Ceci n’est pas un hommage.
Dans Beautiful People (1988), film muet en super 8 de David Wojnarowicz, le noir et blanc passe en couleur au moment précis où le principal et unique personnage, travesti diurne joué par Jesse Hultberg, entre en contact avec l’eau d’un lac au nord de l’Etat de New York, en ce qui semble être une tentative de suicide. Exaltation et mort, nouées et concentrées en un instant singulier et sensible, déplacent notre état de conscience antérieur. Que regardions-nous quand nous le voyions se réveiller, se maquiller, héler un taxi et s’évader vers une forêt loin de New York? Qu’emportait-il dans sa boîte en plastique hormis ce cadre aux squelettes siamois?
Suivant ce chemin qui mène du sommeil à la mort, neuf artistes présentent des mises en scène alternatives de ce film rarement projeté. Le titre de l’exposition «Forming the Loss in Darkness» fait référence au chapitre intitulé «Losing the Form in Darkness» du livre de David Wojnarowicz Au bord du gouffre. Mémoires d’une désintégration (1991). S’inspirant de l’histoire ordinaire de l’artiste, des messages sur répondeur percent le silence de l’exposition sous forme de textes et d’enregistrements.
Chaque œuvre révèle un territoire différent du film de David Wojnarowicz, s’efforçant surtout de donner forme à cette chose si fugitive qu’est la perte. Essentiellement abstraites et soucieuses de l’histoire de la matière comme forme de récit, elles incarnent un sens de la vie, du destin, de la nécessité — un destin avec l’intuition d’une erreur possible, mais d’une nécessité pourtant. Espérons-le.