L’exposition « Forêts » à la galerie Laurent Godin est consacrée à l’œuvre photographique de Philippe Durand. Deux séries dont une inédite tissent des liens entre photographie, peinture et art conceptuel.
Le cyanotype : un rapprochement entre photographie et peinture
Pour sa nouvelle série photographique, Philippe Durand a eu recours à un ancien procédé : le cyanotype. Cette technique qui utilise deux produits chimiques permet la réalisation de tirages monochromes bleus en négatif. Chez Philippe Durand, la réactualisation de ce procédé primitif est un outil pour poursuivre le rapprochement entre geste photographique et geste graphique ou pictural. Dans sa démarche le cyanotype devient une sorte de tableau.
Les photographies ont été prises au cÅ“ur de forêts, l’objectif placé directement sous les arbres, dont il relève au plus près et imprime le tracé des branches, les nervures des feuilles. Imprimés sur toile, les tirages, rappellent les recherches plastiques dans le domaine de l’abstraction à la fin des années 1950. Leur format et les teintes bleues dans lesquelles se distinguent comme en radioscopie les lignages blancs des végétaux évoquent les procédés de pliages et de teintures alors exploités.
Philippe Durand, un regard en retrait sur les forêts
Parallèlement à cette recherche plastique, la nouvelle série de Philippe Durand prolonge sa réflexion quant à la position qu’adopte le photographe face à son sujet. Les forêts et plus globalement la nature sont ici au cœur du travail photographique. Le choix de Philippe Durand est celui d’un retrait de son regard personnel par rapport au paysage et au lieu photographiés.
La nouvelle série est présentée avec celle que Philippe Durand a consacrée à la vallée des Merveilles, un site au cÅ“ur du parc national du Mercantour où des milliers de dessins préhistoriques sont gravés dans des dalles de pierres colorées. En optant pour des photographies au plus prés du sol, au ras des rochers, et des clichés qui annulent la perspective en les ramenant au plan de l’image, Philippe Durand rejoint la pratique des « artistes marcheurs » propre à l’art conceptuel. Ses photographies de la vallée des Merveilles immortalise autant les gravures préhistoriques que l’expérience de la rencontre avec elles.