L’exposition « Fondling » à la galerie parisienne Triple V rassemble les œuvres les plus récentes de Gerald Petit. Des tableaux abstraits et des tableaux figuratifs témoignent du recentrage autour de son activité de peintre d’un artiste qui pratiquait jusqu’à récemment à la fois la peinture et la photographie.
Gerald Petit rompt avec la photographie
Les nouveaux tableaux de Gerald Petit incarnent une rupture de l’artiste avec la pratique photographique tout en étant précisément marqués par cette discipline. La création photographique et picturale ont toujours étaient liées dans la démarche de l’artiste et se nourrissaient l’une l’autre. Le rapport entre les deux n’a pas été compromis par son abandon de la photographie. Si la démocratisation de la photographie par le biais des téléphones portables a selon Gerald Petit amoindrit sa valeur artistique, elle n’a pas remis en question l’exploration de la photographie à travers la peinture. Ses nouvelles peintures s’affirment donc comme le contrepoint à la photographie.
La peinture suit à rebours le processus photographique
Une série de peintures abstraites renvoie directement à la fabrication de l’image photographique. Des couches de couleurs successives se superposent sur la toile, jusqu’à former des visions impressionnistes de ciels, d’étendues d’eau ou de masse végétale et florale. La réalisation de ces tableaux suit à rebours le processus photographique : alors que la photographie, dans sa forme originelle, transformait la réalité colorée en images en noir et blanc, les peintures de Gerald Petit accumule les couleurs de telle sorte qu’elles s’annulent et renvoient au noir et blanc.
Quand la photographie dévoile l’intime, la peinture devient secrète
Les nouvelles œuvres figuratives de Gerald Petit sont aussi des évocations de la photographie. Aux yeux de l’artiste, le développement de la photographie a eu comme autre impact le partage excessif et généralisé de l’intimité. Plusieurs nouveaux tableaux abordent également cet aspect en représentant de façon parcellaire des moments potentiellement intimes. Dans les œuvres Sans titre (A&M#2) et Sans titre (Tight Tips), des mains se livrent à des gestes qui demeurent secret puisque les objets qu’elles tiennent ou qui les entourent sont seulement esquissés et ne sont pas identifiables. Ainsi s’affirme un art pictural qui refuse le dévoilement et prend le contre-pied d’une certaine photographie moderne.