Flight Attendants

Une femme habillée en hôtesse de l’air semble poser, le genou fléchi et la main délicatement portée à son cou, sur une rampe d’embarquement d’avion. Son costume est rouge. L’escalier aussi. Tout parait prévu dans le moindre détail. La photo est parfaite, superbement glacée. Alors, peut-être un peu déçu, on se dit qu’il s’agit d’un shooting de plus dans un aéroport, une mise en scène qui mise sur le côté chic et choc de la profession.

Pourtant, Brian Finke n’a organisé aucune longue séance de pose, mais plutôt un long reportage ethnographique. Pendant deux ans, il a suivi sur les vols le personnel de plusieurs compagnies aériennes. Deux ans à observer et photographier les sourires et les gestes devenus mécaniques d’une profession qui se doit serviable et accueillante. A se faire oublier aussi pour mieux saisir les moments intenses de travail, de panique et d’intimité.

Le traitement des images, notamment celui de la couleur, évoque la photo publicitaire des années 50. On pense à Victor Keppler et à ses images de femmes d’intérieur américaines capables de faire un gâteau tout en restant sexy et modernes – parfois même elles fument en conduisant une décapotable. Les photographies de Brian Finke arborent ce même glamour lié à la mythologie hollywoodienne.

Si la tenue vestimentaire d’hôtesse de l’air contribue à cette sensation et nourrit tout un pan de fantasmes, elle participe aussi d’un contexte anthropologique. Déjà dans une série précédente sur les Cheerleaders et les joueurs de football américain, l’uniforme tenait une place cruciale comme élément de reconnaissance et d’appartenance à un groupe. Brian Finke s’infiltre et devient témoin d’une communauté de vie, de codes vestimentaires et d’attitudes étudiées.

Ainsi, le spectateur découvre les hôtesses évoluer dans l’avion, sur le tarmac des aéroports, dans leurs chambres d’hôtel. Entre exercice de simulation et service des passagers, elles trouvent un instant pour se repoudrer.

Avec cette série, Brian Finke prolonge donc un style paradoxal nourri à la fois des enjeux documentaires et d’une esthétique glamour de papier glacé véhiculée par la publicité et la mode. 

Brian Finke
Flight Attendants, 2005-2007. Série de photographies argentiques couleur. 100 x 100 cm chacune.