Une sculpture noire, flanquée d’un trou béant en son centre, est posée au sol. Il s’agit de Pre-fabrication, Crater de Chris Cornish. Ses arêtes géométriques rappellent les décors des premiers jeux vidéos. En plongeant le regard dans le trou, on vient vite buter sur le sol. Un vertige arrêté dès sa naissance.
La vidéo en images de synthèse Spawn/Railgun, diffusée en boucle, rappelle les narrations qui introduisent les jeux vidéos. Notamment en raison de la «scène» mystérieuse dans laquelle une «caméra» tourne autour d’un rai de lumière orangé posé sur un socle. Le tout est entouré de sortes de parapluies de flash électroniques de photographes, posés sur un sol en damier noir et blanc.
Les trois photographies de Green Screen figurent des écrans verts utilisés en photo et en vidéo pour découper les sujets et les objets afin de pouvoir les insérer dans des décors. Les projecteurs qui apparaissent en haut des images ancrent les photographies dans la réalité d’un studio. Ces écrans désertés, en attente, convoquent des images passées ou futures. S’il n’y a rien à voir, on peut tout y voir, et remplir par l’imagination le vide des images.
Dans la salle qui lui est consacrée, Franzisca Furter présente deux grands dessins noir et blanc à l’encre, I’ll Be There As Soon As I Can et One More Breath.
Le premier dessin figure une forêt dense où, au sol, une tâche d’un blanc immaculé évoque un trou lumineux, qui semble faire écho au trou de Pre-fabrication, Crater. Dans le second dessin, la lisière d’un bois, vue de plus loin que dans le dessin précédent, ouvre l’espace et crée une impression d’immensité. Il ressort de ces grands dessins d’une nature somme toute familière une atmosphère fantastique et irréelle.
La sculpture en papier noir et blanc Hold, posée sur un socle blanc brillant, ressemble à une sorte de plante merveilleuse et alambiquée. L’ensemble paraît sorti des dessins. Comme si l’encre devenait cette sculpture noire, et le papier le socle, dans un passage sans heurts de la bidimensionalité à la tridimensionalité.
Les œuvres de Chris Cornish et Franzisca Furter font appel à l’imaginaire. Dépourvues de figures humaines, elles semblent plongées dans un silence et une attente paisibles et flottants. Passant allégrement d’un médium à l’autre, les deux artistes à la pratique décloisonnée construisent un langage pour des œuvres d’une grande puissance évocatrice.
Chris Cornish
— Pre-fabrication Crater, 2008. Technique mixte.150 x 150 x 35 cm
— Spawn / Railgun, 2008. Vidéo. 4’30’’
— Green Screen, 2008. Photographie couleur. 50 x 75 cm
Franzisca Furter
— I’ll be there as soon as I can, 2008. Encre sur papier. 100 x 140 cm
— Hold On, Franzisca Furter, 2008. Papier, Fil de fer. 45 x 45 x 40 cm
— One more breath, Franzisca Furter, 2008. Encre sur papier. 350 x 206 cm