Gaëlle Chotard
Fixer des vertiges
Le travail de Gaëlle Chotard se déploie autour de l’utilisation de fils métalliques crochetés, troués, de sa recherche de justesse entre maîtrise et lâcher prise, des limites entre structure et hasard pour dessiner en volume un paysage, écho d’une projection mentale.
Pour cette exposition monographique, telle un funambule, elle se concentre sur la ligne de crête traversant l’étendue de l’espace. Elle y place le spectateur à la limite de la contemplation inquiète, saisi par la valeur active du vide.
Comme au bord d’une falaise: être face à l’immensité mais aussi à deux doigts du précipice, sentir ce qui nous dépasse; à partir d’un point, étirer l’espace et y perdre ses repères.
Il s’agit non seulement d’accidents, des «blancs volants» créés par ses tissages ou de trouées au sein de dessins grattés, mais aussi de rythme et de silence avec le détournement de cordes à piano muettes en l’occurrence.
Gaëlle Chotard regarde les livres d’astrophysique, de cosmologie, dont les titres l’inspirent et lui confirment ses intuitions, Stephen Hawking justement et sa théorie des cordes et des trous noirs qui nous démontre que l’on change de temporalité en fonction des trajectoires.
C’est cela dont il est question et qui nous est donné à sentir dans son exposition «Fixer des vertiges». Par ce titre, l’artiste a choisi d’interpréter librement les mots de Rimbaud dans l’Alchimie du Verbe, Une Saison en Enfer: «Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges».