Farhad Moshiri
Fire of Joy
Après douze années passées à Los Angeles, où il achève sa formation au California Institute of the Arts, Farhad Moshiri vit et travaille désormais à Téhéran.
Inspiré par le Pop art, Farhad Moshiri a développé un langage visuel singulier et hybride qui puise à la fois dans les cultures populaires iranienne et occidentale; «Les Iraniens cherchent leur identité. Selon leur humeur, ils tendent vers l’Orient ou l’Occident. L’Iran connait un phénomène inévitable qui complique, confond et diversifie les traditions. C’est pourquoi je suis tout aussi inspiré par le centre commercial ou le bazar que par l’esthétique de l’ornementation propre à la culture iranienne.»
Ici l’artisanat Iranien et la culture pop se marient ou s’affrontent souvent avec ironie utilisant autant l’esthétique publicitaire pour ménagères des années 50 (Curl) que les icônes populaires des «comics» occidentaux (Uncaged, Breath). Dans un pays qui se méfie de la représentation, Farhad Moshiri, tel un collectionneur et un chineur, prélève toutes sortes d’images de la vie quotidienne, emblèmes kitsch, photos censurées, motifs enfantins, publicités occidentales, «j’aime dénicher des choses sans prétentions artistiques, créées par quelqu’un d’autre, et m’efforcer de les reconditionner sous forme d’œuvres d’art.»
Dans Anatomy of a Woman 2, par exemple, une icône de la tradition persane est traitée comme une image anatomique. Dans Mystery Man un visage recouvert de cercles colorés fait référence aux visages floutés de la censure et dans God le mot répété à l’infini sur des fonds ultra coloré et scintillants tels des enseignes lumineuses opère comme un slogan. Par ces effets de juxtapositions, de stéréotypes et de référents sacrés ou tabous (le corps féminin, la censure, Dieu), le langage de Farhad Moshiri révèle en creux, de manière ludique et décalée, sa puissance dissidente.
Dans l’une des installations, Farhad Moshiri a récupéré un millier de porte-clés qui forment la phrase «See God in Everyone» et dans l’autre une multitude de couteaux de couleurs et de tailles différentes sont plantés dans le mur aux côtés de 21 portraits européens du siècle dernier rassemblés par Farhad Moshiri pour écrire le mot «Quiet». Dans ses installations Farhad Moshiri utilise la tradition du ready made en récoltant des objets trouvés, pratique artistique totalement ignorée en Iran, pour manier le jeu de l’oxymoron et ainsi révéler l’ambiguïté d’un pays qui se transforme sans cesse.
Vernissage
Samedi 23 juin 2012 Ã 16h