PHOTO | CRITIQUE

Fire

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@12 Jan 2008

La vidéaste suédoise Annika Larsson présente sa dernière œuvre selon un dispositif monumental, ainsi que des photographies extraites de la vidéo. Des personnages masculins s’affairent à la préparation d’une mystérieuse offensive. Filmée au ralenti, celle-ci revêt l’allure d’un rituel.

L’artiste suédoise Annika Larsson réalise une vidéo énigmatique dans laquelle de jeunes hommes se préparent à une attaque mystérieuse. De nuit, dans une atmosphère chargée de tension, ils se livrent, filmés au ralenti, à la préparation d’un cocktail molotov, qui sera à l’origine du feu annoncé dans le titre de la vidéo, Fire.

Les plans utilisés, alternant entre plans serrés et gros plans, sans mouvements de caméra, battent la mesure de ce qui revêt l’allure d’un rituel. La bande son électro-accoustique, inspirée de l’opéra de Karl Heinz Stockhausen Freitag aus Licht, accentue le climat lourd, tendu.

Les regards des protagonistes sont fixes, injectés de sang. Leur accoutrement, d’aspect militaire — rangers, treillis, foulard sur le bas du visage, mitraillette, masque à gaz —, évoque un groupe d’activistes préparant une offensive de guérilla urbaine. L’énigme est d’autant plus grande que la vidéo, projetée en boucle, ne comporte ni début, ni fin explicites. Les gestes, lents, se succèdent. La principale action étant la fabrication d’un cocktail molotov: l’un des personnages vide une bouteille de coca-cola, la remplit d’alcool, introduit la mèche dans le goulot.
Un autre se tient debout et muet devant un micro, attendant comme un signal. La tension est à son comble, la mèche est allumée à l’aide d’un briquet. Il profère des paroles inaudibles dans le micro, alors que l’un des ses acolytes arme son fusil avant de tirer une salve en l’air, comme pour enfin déclencher l’attaque, la mise à feu, à proprement parler. La bouteille enflammée est projetée, et une zone non identifiable embrasée. Le groupe observe le spectacle en retrait.

D’autres éléments, s’apparentant à des signes ou des symboles, viennent encore brouiller les pistes: un corps inanimé, un dessin, un cercle noir sur une vitre, etc. Autant de faux indices qui complexifient la lecture de l’image.

Par la qualité de l’image, la vitesse de défilement et la projection sur grand écran, l’artiste confère une étrangeté à des images devenues familières à force d’envahir les médias. Elle nous conduit à réinterroger notre regard, nos habitudes, nos lectures d’images surcodées.

Traducciòn española : Maïté Diaz
English translation : Margot Ross

Annika Larsson
— Fire, 2005. Série de photos couleur. Durst lambda cibachrome. 75 x 100 cm.
— Fire, 2005. Dvd pal stéréo. 18 mn 30.

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