Communiqué de presse
Pierre Coulibeuf
Filmer la danse, filmer la performance
Horaire : 17h
Lieu : salle de conférences
Projection d’extraits de Somewhere in Between (d’après Meg Stuart, 70’, 2004), Balkan Baroque (d’après Marina Abramovic, 63’, 1999), Pavillon noir (d’après Angelin Preljocaj, 24’, 2006), Le Démon du passage (d’après Jean-Luc Moulène, 12’, 1995-2006).
L’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris organise une rencontre avec Pierre Coulibeuf, cinéaste et plasticien.
La création contemporaine est le matériau de son travail cinématographique et plastique. Dans un rapport transversal avec les genres du cinéma (fiction, documentaire, expérimental…), ainsi qu’avec les modes de présentation de l’image en mouvement (projection 35 mm, installation, vidéo, photographie), ses oeuvres inventent un lieu et un langage à la frontière des disciplines, critiquent les formes établies et questionnent les modes de représentation de la réalité. Une oeuvre hors norme, hors genres, hors limites.
« Pour situer mon projet par rapport au documentaire, je veux préciser qu’il n’est pas d’informer le public sur le travail des artistes. Je ne montre que ce qu’ils produisent, ce qu’ils font en tant qu’acteurs, dans les films auxquels ils participent. En suivant ce processus, on quitte toutes les conventions, surtout celles du cinéma qui voudrait qu’on filme quelque chose. Pour moi, filmer est intransitif, comme Barthes disait « écrire est un verbe intransitif ». Par exemple, je ne filme pas Meg Stuart, je fais un film dont le sujet est Meg Stuart, ce n’est pas la même chose. Puisqu’en effet, le plus profond sujet de mes films, c’est le cinéma ; mais le cinéma défini par des préoccupations esthétiques ou formelles. Car, si je disais : « je filme Meg Stuart », cela induirait que je filme une chorégraphie de Meg Stuart ou Meg Stuart au travail. Je serais alors prisonnier de cela, prisonnier du langage. Ne pas filmer Meg Stuart, cela veut dire : trouver le moyen de faire un écart ou un pas de côté — construire le point de vue qui va me permettre de suggérer autre chose, un autre acte de création, une autre façon de produire de la réalité. Et ce moyen, ce changement de perspective, c’est le « simulacre ». Somewhere in Between n’est donc pas un document sur l’oeuvre de Meg Stuart, ou sur une chorégraphie préexistante. Si le film est un « document » sur quelque chose, c’est sur mes propres visions, ce que mentalement je projette sur une réalité donnée. »(Pierre Coulibeuf)