— Éditeur : Publications de l’université de Saint-Étienne, Saint-Étienne
— Collection : Arts
— Année : 2003
— Format : 16 x 24 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 380
— Langue : français
— ISBN : 2-86272-264-2
— Prix : 23 €
Ouvertures
par Jean-Pierre Mourey (extrait, p. 9)
À travers les études menées ici, nous sommes conduits vers différentes voies du loufoque. Tantôt le loufoque est produit par l’emballement de la machine logique, langagière : le besoin de décrire, de nommer, de classer s’affole et produit ses excès, proliférations, boiteries. Tantôt c’est la langue qui bégaie : la logique et les catégories s’effondrent. L’ordre syntaxique, argumentatif, logique implose. Le bredouillement, le balbutiement triomphent. Tantôt, le grain du réel, son caractère irréductible, irreprésentable, saute aux yeux, traverse la voix. Quelque chose d’obscène et de loufoque advient de l’émergence du réel, de ses accidents, de son idiotie telle que l’a pointée Clément Rosset dans Le Réel. Traité de l’idiotie. Les difformités du réel ruinent sur le mode loufoque ou selon d’autres modes, les mises en forme de l’ordre langagier et visuel.
Ainsi le loufoque naît de l’excès du langage, de la logique, de leurs catégories. Ou bien de l’effondrement, du bégaiement de ceux-ci. Ou encore de l’émergence scandaleuse du réel. Quoi qu’il en soit, quelles que soient les voies empruntées, les catégories logiques, morales, culinaires, sexuelles, langagières sont déstabilisées. Les identités sont déplacées. Et cela donne le cortège absurde et réjouissant, désopilant et troublant d’une mouche espionne, d’un poussin requin bleu, d’un épouvantail à klaxon, d’une hypermachine qui ne produit que du peu ou du rien, d’une langue qui se mord la queue.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des Publications de l’université de Saint-Étienne)