Brian Belott, Akos Birkas, Marc Desgrandchamps, David Lefebvre, Gilles Saussier, Elisa Sighicelli, Judit Ström, Wang Keping, Katharina Ziemke
Figurer le regard
La plupart des artistes exposés régulièrement à la galerie produisent des œuvres «figuratives». Certaines d’entre elles paraissent cependant l’être plus que d’autres. Non parce qu’elles représentent explicitement des figures – certaines n’en représentent même pas du tout – mais parce qu’elles ont toutes en commun de figurer le regard.
Cette figuration du regard a une très longue histoire, que l’on considère l’icône où, selon la liturgie orthodoxe, s’opère une transfiguration du regard de Dieu, ou bien les premiers «tableaux» de la Renaissance inscrivant le regard dans le dépassement des strictes lois de la perspective par l’introduction d’une autre dimension : la physiognomonie ou l’étude des expressions du visage et des attitudes.
A l’interface entre le regard du spectateur et le regard du peintre ou du photographe, peut alors se former l’image d’une réflexion qui ne doit rien à un quelconque jeu de miroirs, mais tient à l’étrangeté d’une apparence, à l’instabilité d’un équilibre, à l’incertitude d’un événement.
Cette image qu’on pourrait qualifier de «latente» abolit l’énonciation jusqu’à sembler échapper à l’artiste lui-même pour se constituer dans la mise en scène d’un regard hors cadre, hors champ.