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Figure IV

Un espace exigu, à taille humaine, constitué de trois cloisons en acier émaillé. A l’intérieur, façonnés avec le même matériau: une chaise, des cloisons moins hautes, deux tas de briques soigneusement empilées au sol, et la photo d’une sculpture antérieure reportée sur de l’acier.
Le tout est posé sur un lit de néons, qui augmente encore la luminosité de l’installation.

Parfaitement intégrée entre les murs blancs de la galerie Marcelle Alix, qui semble en quelque sorte se confondre avec l’espace mental de Laura Lamiel, l’installation prend en compte l’entour et, par delà son aspect étriqué, recèle une force de propagation étonnante.

Le seul élément qui trouble ce décor blanc et ordonné de manière presque maniaque est un objet noir et mystérieux, aux formes arrondies, posé sur la chaise.
Tel un parasite, cet élément détone par sa couleur et par sa forme avec le reste du décor. Appartenant sans conteste à la réalité du monde, il instille du concret dans cet univers minimaliste et réfléchissant.

Son caractère impersonnel, presque trop lisse, oscillant entre abstraction et réalisme, fait de l’installation une surface idéale de projection pour le spectateur, qui est ainsi comme immergé au cœur d’une cellule psychiatrique, ou dans les tréfonds de son inconscient…
Quant à l’objet noir non identifié, est-il une intrusion du monde extérieur au cœur de notre intimité la plus secrète? Le signe de l’irrémédiable perméabilité de notre espace privé au chaos du dehors?

Face à toutes ces questions, l’installation fantomatique de Laura Lamiel, à la fois angoissante et difficilement accessible, garde un silence de tombe.
C’est que cet espace exigu, une fois présent dans notre champ de vision, devient le nôtre. C’est à nous de donner du sens, ou plutôt des sens, à ce que nous avons sous les yeux.
Processus interprétatif infini donc, accentué par un jeu de mise en abyme judicieux (ancienne sculpture recomposée dans une image photographique sérigraphiée, installation saturée de lumière qui fait écho à l’espace d’exposition dans laquelle elle s’intègre).

Dans son dépouillement recherché, l’œuvre de Laura Lamiel – qui utilise la tôle émaillée depuis plus de 30 ans comme une surface conceptuelle «vitrifiant» les images qu’elle produit – articule finalement les temporalités et parvient, presque paradoxalement, à faire voir un espace invisible qui ne semble être que l’apparition d’une apparence. Une apparence que le spectateur s’approprie afin d’y projeter ses propres pensées et ses propres visions.

Å’uvre
— Laura Lamiel, Figure IV , 2012. Chaises, tubes de néon, caoutchouc, brique, acier sérigraphié émaillé. 210 x 125 x 130 cm

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