Olivier Filippi, Karlos Gil, Michèle Waquant
FGW
Les expositions d’Olivier Filippi, Karlos Gil, Michèle Waquant réunissent trois artistes: trois pratiques, trois générations et trois nationalités. Trois artistes qui tissent un lien transitoire entre abstraction et figuration, dans une certaine approche du minimalisme des moyens et de l’économie des effets. Trois univers aussi, où se mêlent l’artifice à travers les peintures et dessins abstraits d’Olivier Filippi, monde clos de la couleur; le technologique avec les Å“uvres de Karlos Gil qui offrent des solutions matérielles à des besoins immatériels; et la nature avec Michèle Waquant qui passe inlassablement du paysage au tableau de paysage dans ses Å“uvres.
Olivier Filippi présente des peintures (sur toiles et murales), des dessins, tous abstraits. Dans les peintures se joue une sorte de répétition à ceci près que la couleur est légèrement altérée, assombrie au fur et à mesure qu’elle s’amplifie. «J’ai toujours produit des séries ou des ensembles. A travers celles-ci, je cherche probablement à produire une couleur qui aurait une durée, qui se déploierait au-delà de l’espace restreint du tableau.» Avec Noir/Vert/Rose, Olivier Filippi joue ici avec l’architecture du lieu et ses dimensions, passant de la toile à la paroi, de l’épaisseur du châssis à la planéité du mur et pour ainsi dire de l’échelle de la peinture de salon à celle du lieu d’exposition.
Karlos Gil produit des sculptures, des installations, des vidéos et autres médiums. Son travail traite de la notion de détournement par la réinsertion d’idées et par le biais de la fiction. Le processus à travers lequel ces idées sont matérialisées établit une condition de récit qui donne lieu à des éventualités. A partir d’une reconfiguration de l’«objet idée», Karlos Gil développe des coordinations d’informations plus ou moins utiles. Dans son œuvre se croisent, à mi-chemin, les héritages des artistes minimalistes et conceptuels, tant dans la forme que dans le processus de création des œuvres. Avec Output Functions, l’artiste rejette l’idée de l’art comme tautologie, qui sous-tend les fondements de la modernité, à travers des fragments de mécanismes organiques imprimés en 3D, quelque part entre étrange et dysfonctionnel. Conçu à partir de modèles open code, chaque élément intègre des couches inattendues d’informations et de références qui nient sa propre condition comme artefact.
Michèle Waquant travaille la vidéo, la photographie, la peinture, le dessin ou l’écriture. L’artiste interroge le réel non pas seulement à travers une représentation qui en dessine ses contours, ses événements et ses paysages mais plus à partir d’un processus où la lumière, le cadrage, un usage du ralenti et un sens de la durée le réinvente. Dans sa relation au réel, Michèle Waquant imbrique le documentaire et le pictural tout en interrogeant les relations entre nature et culture. L’exposition présente deux vidéos de l’artiste, trois installations vidéo et une série de photographies des années 1980. La route de Nesles et Nuit Nesles proposent une double traversée d’un paysage, de jour, puis de nuit. Le tout lié par la relation à l’espace, à la nature, à la traversée et au regard du spectateur face à ces deux plans.