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Festival Fragile Danse

Communiqué de presse
Raphäelle Delaunay, Bernardo Montet, Kettly Noël, Nellisiwe Xaba, Dada Masilo, Steven Cohen, Yoann Bourgeois
Festival Fragile Danse

Quel est le visage possible de la création vivante à l’œuvre à travers la danse aujourd’hui dans le monde?
À l’origine seraient les corps fragiles d’une dizaine de danseurs et danseuses: une réunion d’artistes aux antipodes les uns des autres, unis seulement par notre désir de faire s’entrechoquer les esthétiques ici et maintenant. Ce sont des créateurs singuliers difficilement assignables dans nos cases et catégories. Mais ils sont les symptômes d’un temps ou nos académismes et nos disciplines vacillent… L’art change parce que le réel a changé. Créations, inédits, performances, reprises… Voici un panorama de quelques musts de ces danses fragiles à travers le monde du continent africain au continent américain en passant par l’Europe, avec deux recréations de Raphäelle Delaunay et une performance présentée pour la première fois en France de Bernardo Montet, trois chorégraphes interprètes venues d’Afrique: Kettly Noël, Nellisiwe Xaba et Dada Masilo (une inconnue en Europe), une œuvre mythique de Steven Cohen et le danseur au passé circassien Yoann Bourgeois.

Mardi 22 novembre:
Raphaëlle Delaunay, Ginger Jive (2009, re-création)
L’histoire de la diaspora noire est certes douloureuse, mais elle trouve dans le jazz et le swing une voix d’expression joyeuse et entraînante. Dans Bitter Sugar, forme originelle de Ginger Jive, Raphaëlle Delaunay et Asha Thomas formaient un duo élégant et cocasse; les Nicholas’s brothers au féminin en quelque sorte. Ici, elles réinventent les danses swing avec toute la distance que leur donne leur expérience au sein des plus grandes compagnies de danse classiques, moderne et contemporaine (Opéra de Paris, Alvin Ailey, Pina Bausch…).
Tour à tour complices ou rivales, le plaisir que ces deux femmes noires (l’une est métisse antillaise, l’autre afro-américaine) prennent à s’emparer de ces danses nègres, se fait subversif. Elles flirtent avec l’exotisme comme pour mieux s’en défendre, à la manière d’une Joséphine Baker ou d’un Louis Amstrong roulant des yeux et des hanches avec un sourire entendu.

Raphaëlle Delaunay, Erzulie (2005)
L’idée de ce solo est né d’un conflit: celui de mon héritage de ballerine en butte avec le langage de la capoeira, urbain et violent, auquel je me suis confrontée pour les besoins de Jeux d’intentions, un spectacle sur la diaspora noire au Brésil crée en 2005. Toujours à la recherche d’une «terra incognita» qui intègrerait candomblé, capoeira et danse classique avec notamment l’usage des pointes, ce solo fait aujourd’hui l’objet d’une relecture. Volonté d’élévation contrariée par un tapis de salon qui se dérobe sous l’impact des pointes acérées entraînant fatalement le corps dans la chute. La ballerine déchue, se réinvente un espace entre terre et ciel avec le tapis pour partenaire d’infortune. Tapis volant, tapis de prière… espace sacré profané par une danse pas très «catholique».
Raphaëlle Delaunay

Mercredi 23 novembre:
Steven Cohen, Chandelier (2002)
La vidéo de Chandelier a été réalisée en 2001 en Afrique du Sud au milieu des SDF noirs de Johannesburg pendant la destruction de leur bidonville par les employés municipaux de la ville (habillés en rouge), dans un ballet où la violence est omniprésente. Le travail de Chandelier révèle à travers l’art de la performance, la danse et le film, les contradictions entre l’Europe et l’Afrique, les blancs et les noirs, les riches et les pauvres, l’ombre et la lumière, le privé et le public, les forts et les opprimés, la sécurité et le danger.

Israel Galván, Gaspard Delanoë, Yalda Younes, Je Suis Venue
Côte à côte sur scène, symétriquement, une femme, un homme, deux pupitres, sur fond de conférence géopolitique. Elle, simple messagère ou représentante légale, s’exprimant en arabe, énonçant un plan de paix, entre utopie et réalisme froid. Lui, traduisant, méthodiquement. Mais les mots ne suffisent pas. Il faut des symboles. Un hymne. Un drapeau. Une posture. Un acte. Mais les symboles ne suffisent pas. Il faut jeter son corps dans la bataille. Peut-on traduire un corps? Peut-on danser un plan de paix?
Je Suis Venue est la tentative faite par une femme de nous dire quelque chose d’essentiel, peut-être même d’inaudible, dans des langues qui nous demeurent largement inconnues: l’arabe, la danse.
Gaspard Delanoë

Jeudi 24 novembre
Bernardo Montet, Paul Bloas, Serge Teyssot-Gay, Onde de choc performance composée
«La rencontre de trois artistes: un danseur, un plasticien, un musicien. Bernardo
Montet, Paul Bloas, Serge Teyssot-Gay. Peindre la danse, danser la peinture… de l’éphémère à l’immanence. Peindre en direct un corps en présence, dans son mouvement, en puissance. Un corps immobile dans son potentiel de déplacement, dans son potentiel de danse, une figure. De cette trace, une danse émerge. Une transe se propage dans l’espace et le temps».
Bernardo Montet

Yoann Bourgeois, Les Fugues: Balles
Les Fugues rassemblent une série de «petites danses» spectaculaires pour un homme et un objet, écrites précisément sur une partition de L’art de la fugue de Bach. A chaque danse, un objet particulier: trampoline, bâton, balles, plateau incliné. Néanmoins, toutes cherchent à atteindre le point de suspension. Dans la volonté d’aborder une grande diversité d’espaces, ces petites pièces ont l’exigence d’un dispositif scénique léger. Il ne s’agit pas de reproduire ou d’inventer des formes, mais de capter des forces.
Le volet Balles est une danse de sept minutes pour un homme et trois balles. C’est l’écriture d’un jonglage extrêmement simple et lisible. Tout se construisant et se déconstruisant sans cesse autour du point de suspension.

Vendredi 25 novembre et Samedi 26 novembre
Kettly Noel et Nelisiwe Xaba, Correspondances
Vingt et une heure à Paris, à Johannesburg. Dix neuf heures à Bamako. Treize heures à Port au Prince. Deux êtres, deux femmes se retrouvent après de nombreuses correspondances. Lieu du rendez-vous: sous un lampadaire d’une ville du présent, devant une discothèque, la plage, une chambre, un cabinet de toilette. Retrouvailles. Elles sont là. Les corps sont là, ces dames sont là. Elles sont là au rendez-vous pour se raconter leurs vies, échanger leurs avis, pour rire, pour se disputer.

Dada Masilo, The bitter end of Rosemary
«A chaque processus de création, j’aime me définir de nouveaux défis. Travailler sur le format du solo en fut un majeur. Effectuer ce travail (littéralement) sans l’aide d’un miroir, ce fut encore autre chose. Alors sur le même principe, pour créer un personnage qui représenterait toutes les héroïnes tragiques et leurs subversives relations aux fleurs, j’ai choisis Ophélia».
Dada Masilo

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