Tatiana Julien, Marine de Missolz
Festival Faits d’hiver. Ruines
Je porte un regard sur mes premières créations, sur La Mort & l’Extase et sur Douve. Face à la douleur, à l’expression du tragique, l’interprète a le choix de sourire, de respirer, d’être une plume en suspens. Avec la collaboration de Marine de Missolz, je pars à la recherche d’une incarnation en danse creusée par une théâtralité plus souterraine qui s’exprime alors au commencement de la danse, peut-être à l’opposée d’une danse dite «théâtrale» C’est l’occasion d’un dépouillement de la présence.
Le projet Ruines met en chantier cette question de l’expressivité de l’interprète au travers de la poétique de la ruine. Quel corps et quel état sont-ils susceptibles d’incarner l’être face à la ruine, au néant? Qu’est-ce que c’est qu’une danse qui pourrait supporter la mort, le vide? Faut-il inventer un corps susceptible d’être l’égarement? Faut-il employer le chemin de l’errance? Être en quête d’un véritable être au monde. Un monde réenchanté par la présence. Agir seulement pour réconcilier le corps avec une histoire, un vrai lieu, un Dieu sûrement.
«Une jeune femme est jetée hors du temps présent, propulsée dans un espace abstrait. On ne sait pas depuis combien de temps elle erre. Elle se situe dans un espace et une temporalité suspendus. Une réalité flottante. On peut imaginer que la figure marche sur les ruines de la fin du monde, au beau milieu des restes de sa propre histoire, d’un lieu hanté par nos mémoires. Peut-être y a-t-il un nouveau monde à construire, la jeune fille n’en a pas les clés. Peut-être faut-il attendre que la mort vienne, mais elle ne vient pas. Quoi faire? Il faut avancer. Se dépouiller de ce qui enferme, et s’ouvrir au dehors. La pièce avance comme on poursuit un souvenir. Il y a une construction de l’absence. Une construction de la ruine. En même temps qu’elle avance à rebours, Ruines tente de s’infiltrer au plus profond d’une nature humaine traversée, le «moi» est suspendu, une présence ouverte, poreuse, toujours en quête, inlassable, même sans réponse, d’une réconciliation. Peut-être est-il encore temps d’espérer.»
Marine de Missolz et Tatiana Julien.
Conception, mise en scène et dramaturgie: Tatiana Julien et Marine de Missolz
Chorégraphie et interprétation: Tatiana Julien
Composition musicale: Pedro Garcia-Velasquez
Lumières: Sébastien Lefèbvre
Informations
Les 06 et 07 février 2015
Durée: 1h15
Dans le cadre du festival Faits d’hiver
Du 14 janvier au 14 février 2015