Lazare
Festival d’Avignon. Au pied du mur sans porte
Il était une fois un jeune homme qui se prénommait Libellule… Il a sept ans quand son auteur, Lazare, en fait le héros de sa pièce. Il en aura dix-sept au terme de l’histoire, dix-sept années qui s’inscrivent dans un quartier de banlieue, dans une cité délaissée où il croise amis et ennemis, représentants des autorités et dealers.
Tous sont parties intégrantes de son univers sur lequel règne une mère attentive. Si Libellule vit dans la réalité du monde qui l’entoure et le brutalise, il est sans cesse hors de ses limites, hors norme, inclassable, inadapté, parce que préférant dès son plus jeune âge «les rêves à l’école».
C’est dans cet entre-deux, dans ce no man’s land entre imaginaire et réalité, qu’il ne partage qu’avec un jumeau mort-né toujours à ses côtés, que le jeune héros s’isole, se calfeutre, se protège, entre culpabilité et désir de liberté.
Évitant ce qui pourrait n’être qu’un théâtre documentaire, Lazare, par la magie d’une écriture inventive, nous entraîne beaucoup plus loin que dans la description, l’explication, le témoignage.
Le plateau du théâtre devient le lieu d’une parole poétique, créative et métissée, permettant à chaque personnage d’avoir «sa» langue, son intériorité, sa puissance.
Cette partition très précise, textuelle, corporelle et musicale, structure une mise en scène qui agit par images simples et sensibles, portée par un collectif d’acteurs engagés dans cet univers si peu rationnel mais terriblement vivant.
critique
Festival d’Avignon. Au pied du mur sans porte