Jefta van Dinther, Ballet Cullberg
Festival d’automne. Plateau Effect
Des jeux de combinaison de corps, d’imbrication lumières-mouvements, d’altération sensitive… Des actions minimales qui donnent à la neutralité de l’environnement l’allure d’une expérience psychédélique d’un nouveau genre… Aux frontières des phénomènes physiques, du laboratoire de sciences sociales et de l’installation spectaculaire pointue, le chorégraphe Jefta van Dinther invente depuis la fin des années 2000 des pièces d’une grande maîtrise plastique.
Son intérêt pour les phénomènes perceptifs, la manipulation des matières et l’expérience synesthésique le rapproche des préoccupations chères à Xavier Le Roy ou à Mette Ingvartsen, deux chorégraphes avec qui il collabore en tant qu’interprète ou dans le cadre de projets collectifs comme 6M1L. Comme eux, le chorégraphe suédois amène le spectateur à lire, derrière l’action la plus quotidienne ou l’objet le plus rudimentaire, la complexité toujours renouvelée des structures sociales. Ainsi de Grind (2011), co-signé avec le compositeur David Kiers et la créatrice lumières Minna Tiikkainen, deux artistes dont il s’entoure à nouveau pour la création de Plateau Effect. Nouveau défi aux sens communs, cette pièce pour neuf interprètes du Ballet Cullberg –prestigieuse compagnie suédoise jadis dirigée par Mats Ek ou Johan Inger et aujourd’hui pilotée par Anna Grip–intègre des planches à bascule pour créer une «chorégraphie de matières» et sublimer, par un flux perpétuel de mouvements, l’instabilité de notre environnement.