Noé Soulier
Festival d’automne. Mouvement sur mouvement
Improvisations technologies de William Forsythe est un objet chorégraphique inclassable, qui nous fait voyager dans les arcanes de la création du chorégraphe. Ludiques et pédagogiques, ces improvisations développent une conception fluide du mouvement –dessinant des formes avec chaque partie du corps, faisant naître des lignes, des cercles, des points à l’aide de repères géométriques.
Noé Soulier a choisi de prendre cette vidéo comme support et ligne d’horizon, et de la détourner de sa visée démonstrative en lui appliquant plusieurs filtres interprétatifs. Rejouant ces images à la manière d’une partition, il cherche à analyser la notion de géométrie dans la danse, tout en interrogeant le statut de ces gestes «résiduels» qui n’appartiennent pas au mouvement dansé proprement dit.
Mouvement sur mouvement procède ainsi à un changement de focale: remplaçant la parole didactique de Forsythe par un discours tour à tour descriptif, introspectif, théorique ou fictionnel –il décale la réception des formes, et ouvre à de nouveaux agencements de sens.
Jouant de tous les écarts permis par cette substitution, il se penche sur les creux, les failles – faisant du moindre geste l’indice d’un décalage entre intention et résultat.
Depuis Kingdom of Shades, le travail de Noé Soulier ne cesse de questionner ce qui fait danse, en mélangeant discours philosophiques, scientifiques, vocabulaire classique et contemporain. Que ce soit dans Idéographie ou Signe Blanc, qui examinait le statut de la pantomime dans le ballet, il construit une poétique de la danse par fragments, où parole et gestes sont le résultat d’un processus d’engendrement continu, engageant un vertige de la perception.
Concept et danse: Noé Soulier