Marie Cool et Fabio Balducci, Christian Boltanski, Ryoji Ikeda et José Damasceno
Festival d’automne à Paris. 37e édition
Marie Cool et Fabio Balducci
« Sans titre (2004 – 2008) et Sans titre (2005-2008) »
La Maison Rouge
Du samedi 13 septembre au dimanche 5 octobre
Mercredi-Dimanche. 11h-19h.
Jeudi jusqu’à 21h.
Pendant trois semaines, aux horaires d’ouverture habituels de la fondation, durant neuf ou onze heures d’affilée, les deux artistes franco-italiens Marie Cool et Fabio Balducci investissent une partie des salles d’exposition de la Maison rouge et y déploient
leur travail, sous forme de gestes et d’exercices maintes fois répétés par Marie Cool ou de vidéos présentant d’autres actions qui ne sont pas exécutées in vivo.
Loin de toute performance physique, les « exercices » de Marie Cool expérimentent la simplicité extrême, la durée, l’étirement du temps.
« Le travail de Marie Cool et Fabio Balducci ne participe pas de l’univers des signes, des codes ou du concept,mais de l’impressionnante élémentarité de la matière. Par conséquent, leurs actions ne s’énoncent pas dans le registre de l’image ou de la représentation, mais sur le mode de l’expression.
Leurs gestes se faufilent à dessein dans les interstices engendrés par la séparation historique entre cognition intellectuelle et
affective. Ils ne sont ni descriptifs, ni démonstratifs : ils ont partie liée, tout bonnement, avec le « rien qui est » (Giorgio Colli).
La dynamique temporelle des oeuvres de Cool et Balducci s’apparente à la « durée » selon Henri Bergson, pour qui le temps chronologique (en l’occurrence, le temps chronologique de la performance) est supplanté, ou dévoilé, par le temps du
changement dans toute son épaisseur et par la transformation de la matière. »
Christian Boltanski
« Les Archives du coeur »
La Maison Rouge
Du samedi 13 septembre au dimanche 5 octobre
Mercredi-Dimanche. 11h-19h.
Jeudi jusqu’à 21h.
Depuis 1986, le Festival d’Automne a attentivement suivi le parcours de Christian Boltanski, invitant celui ci à concevoir des
expositions, des installations et des spectacles qui ont fait date.
L’exposition proposée aujourd’hui à la Maison rouge s’articule autour d’une installation présentée en 2005 à la galerie Marian Goodman, à Paris : « Le Coeur ». Au milieu d’une salle, une ampoule dont l’intensité varie en fonction du son du battement de coeur de l’artiste. La pièce est introduite par cette question lancée au visiteur à l’orée du parcours, semblant s’échapper du mur : « Qui êtes-vous ? », et complétée par « Entre-temps » (2003), vidéo balayant en fondu-enchaîné les visages de Christian Boltanski, de sa prime enfance à ses soixante ans.
Elle est surtout prolongée par une cabine dans laquelle chacun est invité à enregistrer les battements de son propre coeur, et à participer ainsi à la constitution des Archives du coeur de Christian Boltanski.
Ce processus de collection, appelé à se poursuivre dans les années à venir, croise trois préoccupations fondamentales du travail de l’artiste : d’abord, cette obsession de la mémoire qui, de Monuments en Inventaires, se traduit par un fascinant travail sur l’Histoire et l’archivage ; ensuite, la dimension de plus en plus autobiographique, autour de sa propre disparition, qui hante nombre de ses dernières oeuvres; enfin, cet intérêt pour le « passage du plus personnel au plus collectif », intention confiée à Catherine Grenier dans ’La Vie possible de Christian Boltanski », avant d’ajouter : « L’artiste est quelqu’un qui a un miroir à la place du visage. »
Ryoji Ikeda
« Datamatics [ver.2.0] »
Centre Pompidou
Vendredi 21 novembre et samedi 22 novembre à 20h30
Ryoji Ikeda, pionnier de la scène électronique minimale, développe une démarche rigoureusement synesthésique. Il explore les méandres d’un univers digital mêlant diffusion sonore et projections vidéo lors de concerts ou spectacles conçus avec le collectif Dumbtype, plusieurs fois invité au Festival d’Automne, ou plus récemment avec Carsten Nicolai.
« Datamatics » ambitionne d’explorer et de rendre perceptible « la substance multiple et invisible de ces données qui pénètrent notre monde ». Ryoji Ikeda s’aventure avec une précision chirurgicale au bout des possibilités offertes par la technologie numérique. Composée de textures contrastées, grésillantes ou synthétiques, de sonorités concrètes et d’accidents numériques, de rythmes imperceptibles, claudiquants ou réguliers, de jeux sur les fréquences extrêmes, sa musique est la bande-son rêvée du monde
d’aujourd’hui.
« En tant qu’artiste et compositeur, mon travail s’est toujours polarisé sur les concepts du beau et du sublime. Pour moi, la beauté est cristal ; rationalité, précision, simplicité, élégance, subtilité. Le sublime est infini ; infinitésimal, immense, indescriptible,
indicible.
Les mathématiques relèvent de la plus pure beauté. Nombres, valeurs et formes dans leur parfait assemblage nous résistent. Aborder l’esthétique du sublime dans les mathématiques constitue une expérience impressionnante, comparable à celle éprouvée quand nous considérons l’immensité et l’ampleur de l’univers ; nous laissant bouche bée. Ce projet, par l’amorce d’un dialogue avec le mathématicien Benedict Gross et d’autres théoriciens, tente de définir un langage esthétique commun. » Ryoji Ikeda
José Damasceno
« Projection »
Espace Topographie de l’Art
Du samedi 15 novembre au dimanche 14 décembre
Mercredi-Dimanche. 15h-19h
« Cette exposition intitulée « Projection » tire son titre de l’une des oeuvres de l’artiste brésilien José Damasceno, né en 1968. Constituée par une série de fauteuils de cinéma et par des amoncellements de semelles découpées en papier coloré qui se répandent aléatoirement dans l’espace, l’oeuvre est la reconstitution fabulatrice d’une projection cinématique.
À la manière d’un still d’une séquence de film, ou d’un instant d’une action interrompue, cette oeuvre se réfère à un moment, l’avant ou l’après de ce qui est vu. Il s’agit en effet d’un événement en transit, constaté d’ailleurs dans l’ensemble de l’oeuvre de Damasceno, ainsi que dans les autres pièces ici montrées : l’ »Organigramme – Hier, Aujourd’hui, Demain » -, le relief pariétal « Cinéma élastique » ainsi que « Acte ».
Machines imaginaires en action, les interventions de Damasceno transforment l’espace habituel et le temps chronologique en une expérience fictive inusitée à partir de distorsions poétiques de la réalité.
Ses oeuvres se projettent dans l’espace-temps de manière instable en créant un territoire spéculatif sur la question du visible, de l’invisible et du devenir. Fasciné par les états transitoires et par ce qu’active le flux entre des mondes apparemment séparés, l’artiste produit un revirement dans les dimensions souvent acceptées de temps, d’espace et de représentation.
Sa dynamique de la perception comprend à la fois un champ sensible et un mouvement spirituel qui devinent ou inventent le sens de ce qui flue et de ce qui nous échappe. Chez Damasceno, la sculpture est aussi image. Elle dépasse la présence matérielle des volumes et établit une relation phantasmatique au-delà du caractère physique des choses.
Le représenté se transforme en une simple résonance de « l’animation » des idées qui s’installe dans la psyché du spectateur. Son oeuvre constitue un « domaine ténébreux et élastique qui parfois se rétracte ou s’élargit selon la force irrégulière de l’imagination » (E. A. Poe).Dans la précipitation de l’imaginaire sur la superficie du monde, Damasceno produit des tensions entre les notions de fixe et de mouvement, abordées en tant qu’énergies oubliées dans la conscience de l’espace, qui sont susceptibles de resurgir l’une de l’autre à n’importe quel moment. »